Officiellement le débrayage dans les établissements publics se poursuit, sauf que l’envie semble avoir disparue chez les grévistes.

En annonçant une enveloppe de 102 milliards de FCFA pour le payement des arriérés et des compléments des salaires des enseignants du secteur public dans ses vœux à la nation, Paul Biya a-t-il définitivement donner le coup de grâce à la grève ourdie par le mouvement On a trop supporté (OTS) depuis le début de la rentrée des classes en septembre dernier ? Ça en tout l’air. Les élèves ont repris le chemin des classes la semaine dernière pour le compte du deuxième trimestre de l’année scolaire en cours sans que la chronique populaire entende parler de la grève. 

Plusieurs enseignants font aussi le même constat même s’ils se réservent d’attribuer le coup de fatigue des grévistes au discours du président. « En tout cas c’est morose. Du peu que j’observe depuis le retour à l’école, la pression du premier trimestre a vraiment chuté », explique un enseignant sous le couvert de l’anonymat.

Et pourtant, le mouvement OTS et son allié dans cette grève, le Syndicat des enseignants du Cameroun pour l’Afrique (Seca), n’ont pas encore officiellement mis un terme au débrayage. Comme quoi, la grève se poursuit. Pour ce deuxième trimestre, qui a débuté la semaine dernière, la consigne donnée aux enseignants reste la même. OTS les appellent à se rendre dans l’enceinte des établissements, mais en observant le mot d’ordre « craie morte ». Des semaines de pause pour assurer le service minimum sont toujours prévues.

Le challenge c’est maintenant de voir si une masse critique d’enseignants continuent d’observer ces consignes. Il se peut que beaucoup ont désormais les yeux rivés vers le ministère des Finances (Minfi). Ils attendent de se faire payer après l’annonce du président de la République. « Nous sommes obligés d’espérer. Et des éléments d’espoir existent, dans ce sens que la bonne foi du Gouvernement a été mise à l’épreuve dans un passé récent. Il est conscient du fait que les enseignants ne lui vouent pas une confiance sans faille. Nous attendons ce dialogue, nous le sollicitons vivement pour continuer à grappiller des plus pour la corporation conformément aux mêmes revendications que nous avons posées sur la table depuis maintenant deux ans », fait savoir Xavier Vemba, un des porte-paroles de OTS.

Mais tous les enseignants qui encouragent ce débrayage ne sont plus d’accord pour placer les revendications pécuniaires au premier plan. Ces derniers pensent que le statut spécial de l’enseignant doit désormais être considéré comme la principale revendication. Une ébauche a d’ailleurs été élaborée et proposée. Mais ce statut spécial n’est visiblement pas une priorité pour le gouvernement. •

SOUSSIA MANGUE

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