A bientôt une année de la prochaine élection présidentielle, le parti de Maurice Kamto reçoit des piques de toutes parts. Un phénomène médiatique qui gagne en ampleur. 

À un an de l’élection présidentielle au Cameroun, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) et son président national, Maurice Kamto, sont au cœur d’une vive polémique qui alimente les débats sur les plateaux de télévision, les ondes radiophoniques et les réseaux sociaux. Les prises de position à l’égard de ce parti politique sont divergentes, entre ceux qui critiquent ses actions et son leader, et ceux qui lui apportent leur soutien. Les principaux acteurs de ces débats sont les acteurs politiques ainsi que les membres de la société civile.

Plusieurs personnalités politiques ont critiqué ouvertement le Mouvement pour la renaissance du Cameroun lors de leurs interventions médiatiques. Henriette Ekwe, activiste de la société civile et ancienne militante du MRC, a vivement attaqué Maurice Kamto lors d’une émission sur Infos TV : « C’est un farceur qui ne mérite pas d’être qualifié d’homme politique », a-t-elle déclaré avant de dénoncer les supposées affinités tribales du parti : « Comment pouvez-vous diriger un parti politique dont la base est uniquement composée de membres de votre région ? ».

De leur côté, certains hommes politiques mettent en cause le comportement de certains militants du MRC et vont jusqu’à appeler à la dissolution du parti : « le Mouvement pour la renaissance du Cameroun est un parti qui, à mon avis, doit être dissous en raison des méthodes fascistes de ses militants. Je le dis ici de manière très claire », a déclaré Célestin Djame lors de l’émission “Club d’Élites” sur Vision 4, ce dimanche 25 février 2024. Ancien militant du MRC et actuel président de l’Alliance Patriotique Républicaine (APAR), Célestin Djamen a ajouté : « Les Talibans sont un groupe de fascistes logés au sein du MRC. Je le dis très clairement aujourd’hui. Ce groupe de fascistes ne supporte pas les contradictions ni la démocratie. Depuis que j’ai quitté leur secte, ils me traquent sans relâche. Ce n’est pas la première fois ».

Alors que l’opposition camerounaise cherche à former une coalition pour défier le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), au pouvoir depuis 1982, lors de l’élection présidentielle de 2025, l’homme politique Abel Elimbi Lobe affirme que Maurice Kamto est le principal obstacle à ce projet : « Aujourd’hui, Kamto compromet une éventuelle candidature unique de l’opposition. Alors que nous tentons de former une alliance, il annonce qu’il a déjà une coalition derrière lui. Et il met en avant Nintcheu dans cette démarche bancale. Quelles sont les grandes forces politiques membres de cette alliance pour le changement ? Lui-même n’a aucun poids et il est soutenu par des personnes qui sont également insignifiantes », a déclaré Abel Elimbi Lobe lors de l’émission “Libre Expression” sur Info TV.

À l’opposé de ces critiques, plusieurs personnalités politiques accordent leur soutien au MRC et à son président, Maurice Kamto. Pour certains, le candidat à l’élection présidentielle de 2018 possède le profil et le potentiel nécessaires pour occuper la fonction présidentielle : « Kamto entrera d’abord dans l’histoire comme professeur de droit, et non comme président de la République. Être président n’est pas un métier. C’est un sacerdoce. Il a formé des avocats, des universitaires, des hommes politiques. Aujourd’hui, ce n’est pas Kamto qui a besoin de la présidence. C’est la présidence qui a besoin de Kamto. Il est plus grand que cela », a déclaré Jean Bahebeck dans l’émission “Libre Expression“ sur Info TV. Il poursuit en précisant que Maurice Kamto est un homme épanoui, ses œuvres sont assez révélatrices et le conseille de se dévouer pour le Cameroun : « Kamto a réussi, ses enfants ont réussi, sa femme a réussi. Aujourd’hui il est épanoui. Moi je lui conseillerais même de mourir pour le Cameroun. C’est un sacerdoce pour lui. Ce que l’histoire retiendra de lui, ce sont ses œuvres ».

Face aux multiples critiques visant le MRC et son président national, notamment celles d’Henriette Ekwe, certains se demandent s’il s’agit d’un règlement de compte ou d’une stratégie pour fragiliser le MRC : « Tout acteur politique, tout acteur public est exposé à ce type de critique. Pour moi, il y a deux hypothèses. La première, peut-être qu’il s’agit d’une mission de la part de la combattante, d’autre part, on peut également dire que, en tant que militante combattante, donc forcément adversaire politique du Mouvement pour la renaissance du Cameroun, elle a peut-être pensé à lancer une attaque pour essayer de jeter l’opprobre sur ce parti qui est aujourd’hui assez menaçant face à l’ogre dominant. Les faits qu’elle a eu à rapporter, je crois qu’il y a déjà eu des acteurs qui ont apporté un bon nombre d’éléments se référant au livre de Marafa Hamidou Yaya qui revendique la paternité de la défense de la révision constitutionnelle de 2008 », a indiqué l’analyste politique Aristide Mono.

Suite à ces déclarations de part et d’autre, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) s’est exprimé le 21 février 2024 par la voix de son Secrétaire national à la communication pour démentir les propos d’Henriette Ekwe : « Quatre mensonges en une prise de parole de quelques minutes. C’est pénible de voir à quel point notre pays s’est assombri. Voir une personnalité comme Madame Ekwe, qui a pourtant atteint un âge respectable, celui de la dignité et de la parole publique utile, mentir de façon aussi éhontée donne la mesure du délitement moral de la classe politique camerounaise. Ce n’est pas avec le mensonge et la haine que nous construirons notre pays ». Ces différentes déclarations ont entraîné une montée en puissance des discours haineux et des insultes sur la toile camerounaise. Maurice Kamto a appelé ses militants dans une déclaration le 23 février 2024 à ne pas se laisser distraire et à rester concentrés : « Je comprends la colère que suscitent ces propos, d’autant plus insupportables qu’ils sont inexacts, insultants et haineux. Nous avons enduré une telle infamie presque quotidiennement pendant plus de dix ans et ce n’est pas maintenant qu’ils devraient nous ébranler. Nous devons rester forts et concentrés sur le plan national de relance que nous proposons au peuple camerounais pour la renaissance de notre pays », a écrit l’opposant.

Marcel Onana

2 commentaires sur « Le MRC dans la tourmente des critiques »

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