L’activité de certains navires battant pavillon camerounais a attiré l’attention de l’Organisation maritime internationale (OMI). Ces navires sont accusés de faire partie de la flotte de «navires fantômes» utilisée par la Russie pour contourner les sanctions imposées après le déclenchement de la guerre en Ukraine. L’OMI a exprimé ses préoccupations au ministre camerounais des Transports, suite à une demande du Haut-Commissaire du Royaume-Uni au Cameroun. Cet article examine les implications de cette situation et les mesures prises pour y remédier.
Contexte des sanctions et des navires fantômes
Après le début de la guerre en Ukraine en 2022, les pays du G7, l’Union européenne et l’Australie ont décidé de limiter le prix du baril de pétrole russe à 60 dollars, afin de réduire les recettes pétrolières de la Russie et ses dépenses militaires. Pour contourner ces sanctions, la Russie utilise une flotte de navires alternatifs, qualifiés de «navires fantômes» par l’OMI. Ces navires ne respectent pas les réglementations internationales, évitent les inspections et opèrent sans assurance.
Préoccupations de l’OMI et implications pour le Cameroun
L’OMI considère que certains navires battant pavillon camerounais font partie de cette flotte de «navires fantômes». Des rapports indiquent que sur 14 pétroliers camerounais enregistrés en 2023, 11 ont été tracés jusqu’à des ports pétroliers russes. Le Cameroun est devenu un pays refuge pour cette flotte fantôme, suscitant des inquiétudes quant à l’intégrité de sa flotte maritime. Le pays a également été confronté à des mesures restrictives de la part des Émirats arabes unis, qui interdisent la navigation des navires camerounais dans leurs eaux.
Actions entreprises par le Cameroun et demande d’aide au Royaume-Uni
Le ministère camerounais des Transports a réagi aux informations concernant les navires identifiés comme étant impliqués dans ces activités illégales en les radiants de son registre maritime. Cependant, le Cameroun n’est pas encore intégré au système mondial intégré de renseignements maritimes (Gisis), ce qui limite sa capacité à suivre les navires impliqués dans ces activités illicites. Le Cameroun a sollicité l’aide du Royaume-Uni pour son intégration dans le Gisis, ainsi que pour la numérisation de la procédure d’enregistrement des navires.
L’implication présumée de navires battant pavillon camerounais dans la flotte de «navires fantômes» russes a suscité l’inquiétude de l’OMI et a conduit à des mesures restrictives de la part des Émirats arabes unis. Le Cameroun a pris des mesures pour radiater les navires impliqués de son registre maritime, mais il fait face à des défis liés à son intégration dans le système mondial de renseignements maritimes. L’assistance du Royaume-Uni est sollicitée pour remédier à cette situation et numériser la procédure d’enregistrement des navires. Il reste à voir comment cette affaire se développera et quelles mesures seront prises pour empêcher l’utilisation continue de navires fantômes dans le commerce pétrolier russe.
Emmanuel Ekouli