Le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, a pris l’initiative de rencontrer les acteurs de la filière des boissons le 16 mai 2024. Cette décision fait suite à l’annonce par deux syndicats, le Syndicat national des distributeurs de boissons hygiéniques du Cameroun (Synasdibohycam) et le Syndicat national des exploitants des débits de boissons du Cameroun (Synedeboc), d’augmenter unilatéralement les prix des boissons respectivement les 6 et 10 mai prochains.

Les raisons de l’augmentation des prix
Le Synasdibohycam, dirigé par Philippe Tagne Noubissi, PDG de Dovv, prévoit une augmentation ciblée sur les bières de la Société anonyme des boissons du Cameroun (SABC). Les petites bouteilles verront leur prix augmenter de 50 FCFA l’unité, tandis que les grandes bouteilles augmenteront de 100 FCFA. De son côté, le Synedeboc envisage une augmentation uniforme de 100 FCFA sur toutes les boissons. Les deux syndicats justifient ces augmentations par la multiplication des charges fiscales auxquelles ils font face.

La réglementation en vigueur
Le ministre du Commerce rappelle que la bière et les boissons hygiéniques sont soumises à l’homologation préalable et obligatoire des prix et tarifs par l’administration. Les commerçants ou professionnels qui ne respectent pas cette réglementation s’exposent à des sanctions pénales et à des amendes administratives représentant 10% de leur chiffre d’affaires annuel, voire à la suspension de leurs activités. Dans ce contexte, le ministre encourage le dialogue et la concertation entre les parties prenantes plutôt que la confrontation.

La situation actuelle
Les brasseurs soulignent que les prix des boissons sur le marché ont déjà augmenté, bien que cela ne soit pas officiel. Cette hausse informelle ne profite ni à l’ensemble de la filière ni aux producteurs. Il est difficile de trouver un bar qui vend la bière au prix public conseillé. Par exemple, le prix conseillé pour une bière de 65 cl est de 650 FCFA, mais il est presque impossible de l’acheter à moins de 700 FCFA, sauf lorsqu’elle est vendue à emporter. Les brasseurs, qui font face à une augmentation des coûts de production depuis cinq ans, demandent donc au gouvernement de revoir à la hausse les prix des boissons.

Les demandes antérieures des acteurs de la filière
Depuis la dernière augmentation officielle des prix des boissons en 2019, les acteurs de la filière ont régulièrement réclamé une hausse sans succès. En décembre 2023, l’Association des producteurs d’alcool du Cameroun (CAPA), regroupant la SABC, Guinness Cameroun, l’Union camerounaise des brasseries, la Société de fabrication des vins du Cameroun et la Société camerounaise de fermentations, a demandé au gouvernement d’augmenter les prix des bières et des boissons gazeuses de 50 FCFA. Cette demande était motivée par l’augmentation des charges, notamment l’inflation des matières premières, des consommables, du carburant, du gaz, de l’électricité et des salaires. La SABC, en particulier, a plaidé pour une augmentation de 100 FCFA pour compenser l’augmentation de ses charges.

L’augmentation unilatérale des prix des boissons par les syndicats de distributeurs et d’exploitants de débits de boissons a suscité l’intervention du ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana. Ce dernier a souligné l’importance du respect de la réglementation en vigueur et a invité les acteurs de la filière à privilégier le dialogue et la concertation. Les brasseurs, quant à eux, justifient leur demande d’augmentation des prix par l’augmentation continue de leurs charges de production. Le résultat des discussions entre les différentes parties permettra de déterminer si une hausse des prix des boissons sera mise en place et dans quellemesure.

Emmanuel Ekouli

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