La branche sylviculture et exploitation forestière a connu une croissance significative au Cameroun au cours du dernier trimestre de 2023, devenant ainsi le moteur principal des activités dans le secteur primaire. Selon un rapport récent de l’Institut national de la statistique (INS), cette branche a enregistré une évolution des activités de 12,2% en glissement annuel. Cette performance est le résultat des mesures prises par le gouvernement pour réduire progressivement les exportations de bois en grume au profit de la transformation locale. Cet article examine l’impact de la surtaxation des exportations de bois sur la croissance de l’industrie de transformation au Cameroun.

Le passage à la transformation locale
Dans le cadre de l’interdiction future des exportations de grumes, le Cameroun a entrepris, depuis près de 10 ans, de surtaxer les exportations de bois en grume et de bois peu transformés. Ces mesures visent à encourager la deuxième transformation du bois sur le territoire national. Au cours des six dernières années, le gouvernement camerounais a considérablement augmenté les droits de sortie des grumes, passant de 17,5% à 60%. Ces revalorisations successives ont entraîné une hausse globale de la taxation des exportations de grumes de 343% en valeur relative. En 2024, le taux de droit de sortie des grumes a été à nouveau augmenté pour atteindre 75% de la valeur FOB de l’essence. Les sciages issus de la première transformation du bois ont également été soumis à une augmentation de 165% du droit de sortie entre 2016 et 2023.

Les incitations à la transformation locale
La surtaxation des exportations de bois a incité les acteurs de l’industrie à saisir les opportunités offertes par l’État en termes d’exonérations et d’abattements fiscaux sur les équipements. Cette incitation a encouragé les entreprises à se lancer dans une transformation locale plus poussée du bois. En conséquence, les exportations de grumes ont diminué considérablement. En 2022, seulement 746 m3 de grumes ont été exportés par rapport à 958,3 m3 en 2021, sur une cargaison totale de 1,7 million de m3 de bois et autres ouvrages en bois expédiés vers le marché international.

Impact sur la croissance économique
La croissance de l’industrie de transformation locale du bois a eu un impact significatif sur l’économie camerounaise. Selon le rapport de l’INS, la contribution de cette branche à la croissance économique au dernier trimestre de 2023 était de 0,5 point, en nette progression par rapport au trimestre précédent. Cette croissance a créé de nouvelles opportunités d’emploi et de développement économique dans les régions forestières du pays.

Perspectives futures
L’interdiction progressive des exportations de grumes dans la région de la Cemac, qui entrera en vigueur en 2028, continuera à encourager la transformation locale du bois au Cameroun. Les pouvoirs publics devront continuer à soutenir cette transition en fournissant des incitations fiscales et en investissant dans les infrastructures nécessaires pour le développement de l’industrie de transformation. Une attention particulière devra également être accordée à la durabilité de l’exploitation forestière et à la gestion responsable des ressources naturelles afin de préserver l’environnement forestier du pays.

La surtaxation des exportations de bois en grume a stimulé la croissance de l’industrie de transformation locale au Cameroun, avec la branche sylviculture et exploitation forestière enregistrant une évolution des activités de 12,2% au dernier trimestre de 2023. Les mesures prises par le gouvernement pour encourager la transformation locale ont entraîné une réduction significative des exportations de grumes. Cette transition vers la transformation locale du bois ouvre de nouvelles perspectives économiques pour le pays, mais nécessite également une gestion durable des ressources forestières.

Emmanuel Ekouli

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