Depuis l’injection des premiers mégawatts provenant du barrage hydroélectrique de Nachtigal dans la région du Centre du Cameroun, les délestages persistent dans les principales métropoles du pays, Yaoundé et Douala. Eneo, le concessionnaire du service public de l’électricité au Cameroun, a attribué ces perturbations à des contraintes de production et de transport. Selon nos informations, le déséquilibre entre l’offre et la demande d’électricité dans le Réseau interconnecté Sud dépasse régulièrement les 80 MW, avec des pointes pouvant même atteindre les 100 MW.
Contraintes de production et conditions météorologiques extrêmes
Plusieurs installations de production d’électricité fonctionnent actuellement en dessous de leur capacité maximale en raison de diverses contraintes. Les conditions météorologiques extrêmes, telles qu’une sécheresse soudaine et une vague de chaleur sans précédent, signalées par l’Observatoire national sur les changements climatiques, ont aggravé les difficultés de production électrique. La centrale hydroélectrique de Memve’ele, d’une capacité installée de 211 MW, a particulièrement souffert de ces problèmes climatiques, entraînant une réduction significative de production. La diminution du débit du fleuve Ntem a conduit à une diminution moyenne de 100 MW de la production de cette centrale.
Contraintes opérationnelles et injections intermittentes à Nachtigal
Le secteur de l’énergie est également confronté à des contraintes opérationnelles. La centrale à gaz de Kribi, d’une capacité installée de 211 MW, est actuellement en période de maintenance incompressible, contribuant ainsi à moins de 150 MW. De plus, l’évacuation de l’énergie produite par cette centrale est souvent perturbée en raison de l’indisponibilité de la ligne de transport de 225 kV Kribi-Mangombe II. Par ailleurs, l’expert du secteur révèle que les injections d’électricité provenant de Nachtigal sont effectuées de manière intermittente, car la période de test est en cours. Une injection continue est prévue dans les semaines à venir.
Difficultés financières et rationnements
Outre les problèmes techniques, Eneo fait face à des tensions de trésorerie qui entravent son financement pour l’achat de combustible nécessaire au fonctionnement des centrales thermiques d’appoint. En raison de ces contraintes, l’entreprise a planifié des rationnements d’électricité, avec des coupures prévisionnelles pouvant durer entre six et huit heures. De plus, des pannes isolées, telles que des problèmes de phases et des ruptures localisées, contribuent également aux coupures d’électricité non programmées.
Le déséquilibre entre l’offre et la demande d’électricité au Cameroun a atteint des niveaux préoccupants, dépassant régulièrement les 80 MW, ce qui entraîne des délestages à Yaoundé et Douala. Les contraintes de production et de transport, les conditions météorologiques extrêmes, les contraintes opérationnelles, les injections intermittentes à Nachtigal, les difficultés financières d’Eneo et les pannes isolées sont autant de facteurs contribuant à cette situation. Pour résoudre cette crise énergétique, des mesures urgentes doivent être prises pour augmenter la capacité de production, améliorer les infrastructures de transport et garantir un financement adéquat du secteur de l’énergie au Cameroun.
Emmanuel Ekouli