Cameroun – Alors que le rapport de la Banque mondiale et de Standard & Poor’s sur la performance des ports à conteneurs montre que les ports de Douala et Kribi sont classés respectivement 366e et 373e mondiaux, les responsables de ces infrastructures remettent en cause la méthodologie utilisée pour cette évaluation.

Selon l’indice mondial de performance des ports à conteneurs (CPPI) 2023, publié le 4 juin, les deux principaux ports camerounais se positionnent en 26e et 27e place au niveau africain. Mais ce classement, qui positionne ces ports derrière celui d’Owendo au Gabon mais devant ceux de Pointe-Noire et Matadi au Congo, ne convainc pas les autorités portuaires.

Une approche jugée trop empirique
Au Port autonome de Douala (PAD), la principale critique porte sur la méthodologie employée par les auteurs du rapport. “L’approche utilisée repose essentiellement sur une observation empirique, ce qui est assimilé à un ‘tâtonnement’ par un responsable du PAD”, explique-t-on.

Même son de cloche du côté du Port autonome de Kribi (PAK), où le directeur d’exploitation, Michaël Mama, estime que “cet indicateur est imparfait parce qu’il prend essentiellement en considération un aspect, qui est la durée des séjours à quai”.

Pénalisés par la prise en compte des marées
Une autre critique majeure concerne le fait que le CPPI pénalise les ports soumis aux marées, comme celui de Douala. “Un port maritime n’a pas les mêmes caractéristiques qu’un port fluvial comme celui de Douala-Bonabéri. Étant un port à marées, le port de Douala est désavantagé dans la mesure où, même après avoir terminé les opérations de manutention, le navire doit attendre la marée pour appareiller”, explique un cadre du PAD.

Pour Dieudonné Lin Onana Doh, directeur général de la Régie du terminal à conteneurs (RTC), “comparer les ports en eau profonde et les ports à marée sous le critère de la durée de séjour des navires n’est pas équitable”.

Besoin d’une évaluation plus complète
Au-delà de la durée de séjour des navires, les responsables portuaires estiment qu’il faudrait prendre en compte d’autres critères pour évaluer la performance réelle des ports.

“On ne peut pas considérer uniquement la durée des navires au port pour mesurer sa performance. Il faudrait aussi prendre en compte la taille et la quantité des navires qui accostent, les volumes de marchandises, et la taille des chenaux d’accès”, souligne Michaël Mama du PAK.

Pour s’améliorer, les ports de Douala et Kribi devront donc investir dans leurs infrastructures et équipements, tout en renforçant la coordination entre les différents acteurs (douane, administration, opérateurs) afin d’optimiser leurs opérations.

Emmanuel Ekouli

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