Le marché de la transformation du cacao connaît un nouvel élan au Cameroun avec l’annonce de l’implantation de deux nouvelles usines. Le groupe Puratos, spécialisé dans la boulangerie, la pâtisserie et la chocolaterie, prévoit d’établir une unité de transformation des fèves à Ebolowa, dans la région du Sud. Cette nouvelle initiative fait suite à l’intérêt croissant de Puratos pour la qualité du cacao camerounais depuis 2019. Parallèlement, la société française Sas Manta a récemment posé la première pierre d’une usine de chocolat à Obala, dans la région du Centre. Ces développements reflètent le dynamisme du marché local de la transformation du cacao.
Renforcement de l’empreinte de Puratos au Cameroun
Puratos, déjà engagé dans le parrainage de certains centres d’excellence de traitement du cacao au Cameroun, envisage d’implanter une usine de transformation des fèves à Ebolowa. La capacité initiale de l’usine sera de 5 000 tonnes, mais Puratos prévoit d’augmenter progressivement sa capacité pour atteindre 65 000 tonnes de fèves chaque année. Ce projet renforcera davantage la présence de Puratos dans la transformation du cacao au Cameroun, en rejoignant d’autres acteurs déjà présents sur le marché.
Chocolat Rouge : une initiative française pour un chocolat haut de gamme “Made in Cameroon”
La société Sas Manta, dirigée par Olivier Bordais, a récemment lancé la construction de l’usine Chocolat Rouge à Obala. Cette usine, d’un coût d’environ un milliard de FCFA, vise à produire un chocolat haut de gamme “Made in Cameroon”. L’initiative vise à capitaliser sur la réputation croissante du cacao camerounais et à offrir des produits de qualité supérieure sur le marché.
Hausse des exportations des produits dérivés
Grâce à l’activité dynamique des transformateurs locaux, le Cameroun a connu une augmentation significative de ses exportations de produits dérivés du cacao. En 2023, le pays a exporté 73 236 tonnes de produits dérivés, dont 49 411 tonnes de pâte de cacao et 23 825 tonnes de beurre de cacao. Ces exportations ont généré des revenus globaux de 153 milliards de FCFA, enregistrant une hausse de plus de 15% par rapport à l’année précédente. Les ventes internationales de chocolat camerounais et de ses dérivés ont également connu une croissance, rapportant plus de 6 milliards de FCFA en 2022.
Défis liés à l’approvisionnement en fèves
Malgré le développement des usines de transformation, certaines d’entre elles rencontrent des difficultés d’approvisionnement en fèves de cacao. Les exportateurs affiliés à de grands négociants internationaux ont tendance à dominer le marché local, ce qui crée une rareté des fèves pour les transformateurs. Certaines usines ont même dû demander l’autorisation d’importer des fèves pour maintenir leur activité. Cette situation a conduit à l’instauration d’une taxe sur les exportations de fèves brutes dans la loi de finances 2023 du Cameroun, visant à réduire les exportations et à encourager la transformation locale.
Perspectives pour le développement de la filière cacao
Pour atteindre l’objectif de transformer 300 000 tonnes de fèves par an, tel que prévu dans le plan de relance des filières cacao-café, le Cameroun doit relever plusieurs défis. Il est essentiel d’augmenter la production de cacao, actuellement d’environ 300 000 tonnes, tout en garantissant un approvisionnement suffisant pour les usines de transformation. Certains acteurs de la filière proposent l’instauration d’une politique des quotas entre exportateurs et transformateurs pour équilibrer les achats de fèves au fil des campagnes.
L’arrivée de nouvelles usines de transformation du cacao au Cameroun, notamment celles de Puratos à Ebolowaet de Sas Manta à Obala, témoigne du dynamisme du marché local. Ces initiatives renforcent l’empreinte des entreprises étrangères dans le pays et offrent de nouvelles opportunités de développement pour la filière cacao. Cependant, des défis persistent, notamment en ce qui concerne l’approvisionnement en fèves de cacao et la concurrence avec les exportateurs internationaux. Pour stimuler davantage la transformation locale, des mesures telles que l’instauration de taxes sur les exportations de fèves brutes ont été mises en place. Avec une attention croissante portée à la qualité du cacao camerounais et à la production de chocolat haut de gamme “Made in Cameroon”, le pays est bien positionné pour renforcer sa position sur le marché mondial du cacao et de ses dérivés.
Emmanuel Ekouli