Arise Integrated Industrial Platforms (Arise IIP), une filiale du groupe panafricain Arise, a révélé son projet d’aménager une zone industrielle et logistique de 500 hectares sur les berges du fleuve Dibamba à Missole I, près de Douala, la capitale économique du Cameroun. Ce projet, dévoilé lors d’une réunion de lancement de la campagne d’information et de sensibilisation des populations, a pour objectif de résoudre les défis économiques et logistiques actuels du port de Douala.

Les détails du projet
L’espace choisi pour le projet comprendra une zone industrialo-portuaire de 350 hectares, qui accueillera des unités agro-industrielles, un parc à bois et un port de pêche. Une zone logistique de 100 hectares sera également aménagée à côté de la zone industrielle, ainsi qu’un espace de vie de 50 hectares. Selon le Port autonome de Douala (PAD), ce projet pourrait générer environ 500 000 emplois directs et indirects. Le site sélectionné favorisera l’implémentation d’un écosystème industriel et d’un hub multimodal intégré, connecté au port de Douala et à l’hinterland par voie d’eau grâce au fleuve Dibamba et par connexion ferroviaire.

Le partenariat public-privé
Le chef de division de l’analyse et de la coopération au PAD, Joseph Nguene Nteppe, a précisé que le projet serait réalisé en partenariat public-privé (PPP) avec Arise IIP. En mars 2024, Arise IIP a signé un mémorandum d’entente avec le PAD, et une convention de partenariat sera signée une fois que le site sera classé dans le domaine public portuaire, suite à une Déclaration d’utilité publique (DUP) signée le 15 mai 2024. Le montant total du projet n’a pas encore été révélé.

Inquiétudes des populations locales
Avant le début des travaux prévu pour février 2025, les populations de Missole I expriment leurs inquiétudes quant à l’impact de ce projet. Elles craignent que leurs activités agricoles et halieutiques soient affectées par l’expropriation de leurs terres. Les préoccupations principales portent sur les montants d’indemnisation que le gouvernement accordera aux populations locales. Yvan Cyrille Abondo, préfet de la Sanaga-Maritime et président de la Commission de constatation et d’évaluation des biens de la Dibamba, a rassuré les populations en affirmant que des études d’impact environnemental et social seront menées avec précision pour identifier les propriétaires fonciers et garantir des indemnisations conformes aux normes de l’État.

Bataille juridique autour des indemnisations
La proximité de Missoke 1 avec la capitale économique a conduit à une forte spéculation foncière dans la région, avec plusieurs projets immobiliers en cours. La Société d’aménagement de Douala (SAD), une filiale de la Communauté urbaine de Douala (CUD), possède également des lots sur le site sollicité par le PAD. Les responsables de la SAD expriment leur préoccupation quant à l’impact du projet sur leurs clients qui ont investi des sommes considérables et pourraient ne pas être indemnisés à la hauteur de leurs investissements. Cette situation pourrait entraîner une bataille juridique autour des indemnisations.

Mesures prises pour atténuer les préoccupations
Le PAD a promis d’embaucher des jeunes de la localité de Missole I dans le cadre de ce projet, en leur offrant une formation préalable aux métiers portuaires. Le préfet a rassuré les populations en soulignant que le projet serait situé à une dizaine de kilomètres de leurs habitations, évitant ainsi un possible déguerpissement. Les pêcheurs impactés seront intégrés dans le futur port de pêche qui sera construit dans le cadre du projet. Le préfet a également appelé la Commission de constatation et d’évaluation des biens à commencer immédiatement son travail pour répondre aux préoccupations des populations et évaluer les indemnisations nécessaires.

Le projet ambitieux d’Arise IIP visant à construire une zoneindustrielle de 500 hectares sur les berges de la Dibamba à Douala suscite à la fois des espoirs de développement économique et des inquiétudes parmi les populations locales. Alors que le projet vise à résoudre les défis économiques et logistiques du port de Douala, les habitants de Missole I craignent que leurs activités agricoles et halieutiques soient affectées par l’expropriation des terres. La question des indemnisations, notamment pour les investisseurs immobiliers déjà présents dans la région, risque de déclencher des batailles juridiques. Néanmoins, des mesures sont prévues pour atténuer les préoccupations, telles que l’embauche des jeunes locaux et l’intégration des pêcheurs dans le futur port de pêche. Les études d’impact environnemental et social ainsi que la coopération entre les autorités locales et Arise IIP seront essentielles pour assurer une mise en œuvre équitable et durable de ce projet majeur.

Emmanuel Ekouli

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