Dans son ouvrage A Cœur Ouvert  (un prêtre  s’exprime à bâton rompu sans tabou)  l’archi curé  qui aborde avec froideur et pertinence  les questions de Politique, de Gouvernance mais aussi sociale et  sacerdotale n’hésite pas à tancer sa hiérarchie pour sa gestion de la communication au Cameroun.

Pour le prélat l’église catholique au Cameroun ne sait pas communiquer et fait en la matière de la navigation à vue. L’auteur estime que Les autres religions y compris les sectes, ont fait bien mesurer l’impact des moyens de communication dans l’évangélisation à notre temps.…

Même s’il reconnait que « Dans le domaine de la communication, l’église a fait beaucoup d’efforts quand on sait qu’au départ, elle était très réfractaire à l’utilisation de la communication moderne »  il fait remarquer que «  Depuis Vatican II, l’Eglise s’intègre dans l’usage des moyens de communication sociale. Bien qu’elle ait fait des avancées louables, elle a encore du chemin » et de conclure  «   Les autres religions y compris les sectes, ont fait bien mesurer l’impact des moyens de communication dans l’évangélisation à notre temps »

Un extrait de son livre A Cœur Ouvert  (un prêtre  s’exprime à bâton rompu sans tabou)

Nous regrettons qu’il y ait aucunes émissions catholiques bien structurées à la CRTV alors que les musulmans par exemple ont pris en cela une sérieuse avance avec l’émission intitulée connaissance de l’islam. Il y a longtemps déjà, existait une émission catholique à la CRTV qui avait pour titre regard sur l’Eglise. Elle permettait de comprendre les rouages du fonctionnement de l’Eglise et d’enseigner l’évangile des christs. Malheureusement cette émission n’existe plus. 

Ce manque de dynamisme traduit le  fait que les catholiques ont l’impression qu’ils ont des leçons à donner aux autres. Ils sont surs de l’ancienneté de l’implantation de leur Eglise et pense qu’il n y a plus d’efforts à fournir dans certains domaines. Les autres, par contre, voudraient  faire leur chemin et marquer le coup en faisant beaucoup de bruits. On ne peut faire du bruit aujourd’hui qu’avec des moyens de communication sociale. Et, pourtant, les catholiques ont des universités, des grands séminaires, mais on y trouve pas des chaires de communication. En conséquence, il y a peu de personnes à l’usage et à la manipulation des nouvelles techniques de communication. Du coup, la navigation à vue devient comme la norme. C’est pourquoi les chrétiens ne retrouvent pas, dans nos écrits ou dans nos émissions ce dont ils ont besoins. J’ai souvent donné une définition de l’effort camerounais en ces termes : « l’effort camerounais est un journal catholique qui doit rendre religieusement compte de ce qui est citoyennement vécu ». Pour que le journal catholique intéresse le commun des camerounais, il faudrait Qu’il y ait un regard spécifiquement religieux sur les réalités de notre société. On ne peut pas commenter un évènement ou en rendre compte comme le ferais les autres, en utilisant un même langage qu’eux. Nous devrons avoir notre visions spécifique et notre schéma de pensé, qui sont d’abord catholique. Malheureusement, les personnes qui devraient faire cet effort de réflexion ne le font pas. On se contente des visites pastorales des évêques, toutes choses qui rapporte ni une grande connaissance ni un réel approfondissement de notre foi.  

Vous soulignez le caractère mitigé de l’usage des moyens de communication sociale par l’Eglise. Cela n’est-il pas en contradiction avec le magistère qui encourage l’utilisation de ces moyens pour proclamer la bonne nouvelle ?  

Il y a le principe et il y a le fait. Quand on commet le mal, ce n’est pas par inconscience mais parce qu’on n’arrive pas à faire le bien qu’on voudrait faire. Lorsque le pape jean Paul II est venu au Cameroun en 1985, pour la promulgation de l’exhortation apostolique post-synodale Ecclésia in Africa, il a  longuement et largement parler de la communication faisant d’elle une chance pour l’Afrique. Depuis ce temps, on ne peut pas dire que nous avons réalisé un saut qualitatif dans la communication. Parfois, ici et là on réclame la tenue du concile Vatican III. A ma réflexion, a quoi servirait ce troisième concile si jusqu’ici nous avons même pas encore épuiser les recommandations du concile Vatican II ? Ce n’est pas faute de ne pas savoir mais faute d’oser.  

Comment la communication catholique, à partir d’une radio comme radio Veritas, peut-elle être forte si elle n’est confinée qua dans un cadre restreint comme Douala, alors que ses messages visent un large public sur le plan national ? Quelles propositions faire a la conférence épiscopale nationale dans ce sens ?

Il faut savoir que les évêques ont leurs priorités, et je doute que la communication, avec tout ce qu’elle exige comme moyens financiers, soit vraiment pour eux une priorité. Voici une petite illusion : j’ai connu un évêque qui m’as suggère de créer un journal diocésain car, pour lui, le journal constituait aussi un important moyen d’évangélisation. J’ai ensuite élabore de manière professionnelle un schéma de ce journal, avec des rubriques bien détaillées ; ainsi que les nombres de pages, la périodise, etc. je ne peux pas vous dire  combien il était heureux au point de me bénir et de me canoniser presque. Mais, lorsque je suis revenu lui présenter le devis du journal, il m’a présenté le devis du journal, il m’a maudit et m’as chasse de son bureau…  beaucoup d’évêques souhaitent avoir une radio, un journal, non pas tant pour  l’évangélisation mais pour faire entendre leur voix, couvrir leurs visites pastorales, assurer la lecture de leurs circulaires, de leurs décrets et de leurs lettres pastorales, bref, en quelques sorte ; pour asseoir leur pouvoir. Il est vrai que les évêques ont trois missions : enseigner gouverner et sanctifier. Mais, le gouvernement est très  souvent mis en avant la sanctification et l’enseignement. Parfois l’argent fait perdre de vue l’essentiel. Les medias coutant si cher, l’évêque peut se poser la question de la rentabilité d’un tel investissement. Et si on n’y gagne rien, on ne s’y engage pas. Pour en rire, une curée a interdit qu’on le réveille dans sa sieste. Il s’est fâche contre son cuisinier qui l ; avait réveillé pour une grande mère qui venait faire bénir son chapelet.  Une autre fois, alors qu’il prenait sa sieste, le même cuisinier viens encore le réveille, pour lui expliquer qu’une dame native de la paroisse et dame d’affaire à Douala viens payer son dernier culte des vingt dernières années. Tout de suite, sa loi ‘’ne me réveillez jamais’’ est tombée.  Il s’est empresse de se lever pour recevoir cette dame. Voyez donc que la simonie et la recherche effrénée du gain du gain ne datent pas d’aujourd’hui. Il y a problème quand l’église fait de l’argent une priorité même si celui-ci, faut l’avouer, est indispensable pour sa mission.

Propos recueillis par Rodrigue Tchokodieu

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