Le transport aérien en Afrique, longtemps sous-estimé, est en pleine transformation, devenant un secteur stratégique pour les investisseurs avisés. Entre 2022 et 2024, le trafic aérien a enregistré une croissance significative de 7,4 % selon l’Association du transport aérien international (IATA). Les prévisions sont prometteuses : l’Afrique pourrait devenir le deuxième marché de l’aviation en termes de croissance d’ici 2037.

Une croissance prometteuse

Actuellement, l’Afrique représente 2,1 % du marché mondial du transport aérien. Bien que cette part soit modeste, elle est en constante augmentation. Selon l’Association des compagnies aériennes africaines (Afraa), le nombre de sièges proposés par les transporteurs africains a crû de 12,6 % entre mars 2023 et mars 2024. En 2019, 14,3 millions de sièges étaient disponibles ; ce chiffre a atteint 16,1 millions en 2024.

Cette expansion du trafic a permis aux compagnies aériennes africaines de réaliser un chiffre d’affaires de 1,83 milliard de dollars US en janvier 2024, en hausse de 14,75 % par rapport à novembre 2023. L’Afraa anticipe également que 98 millions de passagers voyageront sur des compagnies africaines en 2024, un bond significatif par rapport aux 85 millions de 2023.

Un retour en force post-COVID

La reprise du secteur après la pandémie de COVID-19 est palpable. Des entreprises comme Ethiopian Airlines, Royal Air Maroc et EgyptAir se repositionnent comme leaders du marché. Ethiopian Airlines a enregistré un chiffre d’affaires de 7 milliards USD pour l’exercice 2023-2024, avec une augmentation de 23 % du trafic, représentant 17,1 millions de passagers.

Cependant, cette croissance n’est pas uniforme. Tandis que des hubs comme Addis-Abeba et Casablanca bénéficient d’infrastructures modernes, d’autres pays, en raison de coûts d’exploitation élevés et d’infrastructures vieillissantes, peinent à suivre. Cela constitue une opportunité pour les investisseurs de moderniser le secteur et de développer de nouvelles liaisons.

Des défis à relever

Le coût du transport aérien en Afrique reste un obstacle majeur : les billets sont souvent 50 % plus chers qu’ailleurs dans le monde, en raison de taxes élevées et d’un manque de concurrence. Cependant, ces défis cachent aussi des opportunités. Les investisseurs peuvent contribuer à la réduction des coûts en améliorant les infrastructures et en optimisant les processus opérationnels.

Des compagnies comme South African Airways, malgré des difficultés financières, pourraient bénéficier d’investissements ciblés pour revitaliser leur modèle économique. Les partenariats public-privé pourraient également jouer un rôle clé dans la réduction des coûts et l’amélioration de l’accessibilité du transport aérien.

Un potentiel sous-exploité

Le secteur aérien africain soutient directement 6,2 millions d’emplois et contribue à hauteur de 56 milliards de dollars US au PIB du continent. Dans un contexte où les infrastructures terrestres sont souvent insuffisantes, le transport aérien offre une solution rapide et efficace pour désenclaver les marchés et stimuler les investissements.

Des initiatives comme le Marché unique du transport aérien africain (MUTAA) visent à libéraliser le ciel africain et à attirer des investissements. Cette libéralisation, couplée à des projets d’infrastructure, offre une occasion unique de se positionner sur un marché de plus de 1,3 milliard de consommateurs.

Pour les investisseurs, le secteur aérien africain représente un marché en pleine expansion, avec des perspectives de développement significatives. La modernisation des infrastructures et l’acquisition de flottes adaptées sont des axes d’investissement stratégiques. Avec la croissance continue du trafic aérien et l’augmentation des connexions internationales, le ciel africain s’ouvre à des opportunités d’investissement exceptionnelles.

Le secteur aérien africain est devenu un levier stratégique pour les investisseurs visionnaires désireux de profiter du dynamisme du continent. Les prochaines années seront décisives pour transformer ces défis en opportunités, faisant du transport aérien un pilier central de la croissance économique en Afrique.

Emmanuel Ekouli

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