Le 16 décembre 2024, à Yaoundé, s’est ouvert un sommet extraordinaire des chefs d’État de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). Convoqué en urgence par le président camerounais Paul Biya, ce sommet a pour objectif de mobiliser les pays membres — Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, Tchad et République Centrafricaine — face à une crise économique et financière imminente.
À l’ouverture des travaux, Paul Biya a exprimé sa confiance quant à la capacité des dirigeants présents à prendre des décisions cruciales pour relancer les économies de la région. « Nous devons faire preuve de solidarité et d’engagement pour surmonter cette situation », a-t-il déclaré. Le président a insisté sur la nécessité d’adopter des mesures concrètes pour assurer la stabilité financière et relever les défis économiques auxquels font face les États de la Cemac.
La situation économique de la Cemac est préoccupante. Selon les dernières données, les avoirs extérieurs nets de la région se sont considérablement réduits, ne représentant plus que 2,1 mois d’importations, bien en deçà du seuil recommandé de 4 mois. Pour Paul Biya, « cette situation appelle à une action urgente de notre part ». Il a également souligné que les mesures antérieures, bien que nécessaires, n’avaient pas toujours été adéquates pour préserver l’équilibre macro-économique.
La fragilité du secteur bancaire est un autre point de préoccupation. Au Cameroun, les créances en souffrance ont augmenté de 11 % à la fin juin 2024. En outre, le projet de rééchelonnement de la dette publique du Congo pourrait avoir des répercussions sur la liquidité des banques de la région, qui détiennent jusqu’à 80 % des titres émis par les États de la Cemac. Viviane Ondoa Biwolé, universitaire, met en garde contre les risques de pénalités et d’une réputation ternie pour le Congo si le reprofilage de sa dette n’est pas géré avec prudence.
L’agence de notation Standard & Poor’s a déjà réagi à cette crise en abaissant la note de la dette du Congo, soulignant que le pays pourrait peiner à attirer de nouveaux investisseurs. La situation est d’autant plus alarmante que le Congo consacre plus de 60 % de ses recettes internes au remboursement de sa dette, qui pourrait atteindre 94,5 % de son PIB d’ici la fin 2024.
Le sommet de Yaoundé est donc crucial. Les chefs d’État sont appelés à s’engager fermement dans la mise en œuvre de réformes visant à stabiliser l’économie de la région et à réduire les risques d’instabilité macro-économique. La participation de hauts responsables du FMI, de la Banque mondiale et de la BAD souligne l’urgence de la situation et la nécessité d’une coopération renforcée.
Dans ce contexte, Paul Biya a réaffirmé sa confiance dans les partenaires au développement, soulignant leur rôle essentiel dans le soutien aux États de la Cemac. Alors que les dirigeants réfléchissent aux voies à emprunter, l’avenir économique de la région dépendra de leur capacité à agir rapidement et de manière concertée.
Emmanuel Ekouli