Alors que la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2025 se profile à l’horizon, prévue au Maroc en décembre, les sélections africaines peaufinent leurs préparatifs. Parmi les potentielles affiches les plus électriques, un match amical entre l’Algérie et le Cameroun, en juin prochain, cristallise les attentes. Trois ans après un duel historique aux répercussions traumatisantes pour les Fennecs, cette rencontre pourrait bien mêler symbolique, revanche et stratégie sportive.

Le poids de l’histoire : Le “drame de Blida” en toile de fond

En mars 2022, l’Algérie et le Cameroun se sont livrés un combat épique lors des barrages de qualification pour la Coupe du Monde 2022. Après une victoire algérienne à Douala (1-0) grâce à Islam Slimani, le retour à Blida s’est transformé en cauchemar pour les Verts. Menés 1-0 en prolongation, les Fennecs croyaient avoir scellé leur qualification grâce à Ahmed Touba (118ᵉ), avant que Karl Toko Ekambi n’offre une victoire camerounaise à la 120ᵉ+5, qualifiant les Lions Indomptables pour le Qatar. Une défaite vécue comme une injustice en Algérie, où la FAF avait déposé un recours infructueux auprès de la FIFA, dénonçant un « arbitrage scandaleux ».

Ce moment reste gravé dans les mémoires, faisant de toute future confrontation un enjeu émotionnel majeur. Un match amical en juin ne serait donc pas anodin : il s’agirait d’une occasion pour l’Algérie d’exorciser ce traumatisme, et pour le Cameroun de réaffirmer sa suprématie psychologique.

Un test stratégique à l’approche de la CAN 2025

Sous la direction de Vladimir Petkovic, arrivé en 2023 après le départ de Djamel Belmadi, l’Algérie cherche à se reconstruire. Le sélectionneur bosno-suisse mise sur des adversaires de haut niveau pour préparer son groupe, déjà leader de son groupe éliminatoire pour le Mondial 2026. Après un match confirmé contre la Suède le 10 juin, affronter le Cameroun permettrait de tester des tactiques variées face à une équipe « physique, expérimentée et techniquement solide », selon les observateurs .

Côté camerounais, malgré des tensions internes entre Samuel Eto’o (président de la FECAFOOT) et le sélectionneur Marc Brys, les Lions restent invaincus en éliminatoires. Une confrontation contre l’Algérie représenterait un défi relevé pour mesurer leur résilience avant le sprint final des qualifications et la CAN.

Enjeux logistiques et symboliques

Si les négociations entre la FAF et la FECAFOOT avancent, des questions subsistent sur le lieu. L’Algérie plaiderait pour un match au Stade Nelson Mandela, joyau architectural récent, afin de renouer avec l’aura d’une « forteresse » perdue en 2022. Le Cameroun, quant à lui, pourrait préférer un terrain neutre pour éviter les pressions hostiles .

Au-delà du sport, ce match incarne une rivalité continentale. Les réactions sur les réseaux sociaux, notamment camerounais, reflètent cette tension : « La dernière fois, les Algériens ont pleuré seuls. Cette fois, ils seront accompagnés de leurs cousins aigris », ironise un supporter.

Perspectives tactiques : Quels scénarios ?

Pour Petkovic, l’enjeu sera d’expérimenter des schémas flexibles, notamment en défense, face aux attaquants camerounais comme Vincent Aboubakar ou Toko Ekambi. L’émergence de jeunes talents algériens (à l’image d’Anis Hadj Moussa, auteur d’une saison prometteuse en Eredivisie) pourrait aussi influencer les convocations .

Marc Brys, de son côté, cherchera à stabiliser son collectif dans un contexte administratif tumultueux. Le match serait l’occasion de valider des options tactiques, notamment en milieu de terrain, où les Camerounais ont parfois manqué de créativité face à des équipes compactes .

Bien plus qu’un simple match amical

Ce possible choc Algérie-Cameroun transcende le cadre d’une préparation routinière. Il s’inscrit dans une narration footballistique riche en rebondissements, où chaque passe, chaque duel, portera le poids de l’histoire. Pour les supporters, c’est l’espoir d’une revanche ou la peur d’un nouveau désastre ; pour les joueurs, une chance de marquer à nouveau l’histoire.

Emmanuel Ekouli