
Le billet d’humeur du samedi 26 avril 2025
Par Chacot CHIME
Fidèles contributeurs de la pensée unique, réjouissez-vous : vous êtes, sans même le vouloir, les actionnaires majoritaires de la CRTV. Et pas n’importe laquelle ! Une chaîne dont le directeur général, Charles Ndongo himself, avait eu la décence, l’audace, mieux , l’outrecuidance, de dire tout haut ce que tout le monde savait tout bas. Il avait déclaré : ” De même que le RDPC est le cheval de bataille du président de la République, La CRTV est le tam-tam du chef de l’État.” Autrement dit, le mégaphone officiel du RDPC. Traduction libre : vous financez une radio-télévision qui joue du balafon… pour un seul danseur.
Incongruité ? Non. Génie stratégique ! Pendant que les Camerounais tirent la langue pour joindre les deux bouts, on leur colle, sans leur demander leur avis, une redevance obligatoire, cachée dans la facture ENEO ou subtilisée sur le bulletin de paie. Pas de réclamation possible. C’est automatique. Comme la propagande.
Et attention, ce n’est pas de la petite monnaie ! Plus de 17 milliards de FCFA par an sont ainsi siphonnés dans les poches des citoyens pour entretenir ce tam-tam unique. Soit plus de 1,4 milliard de FCFA par mois. De quoi produire des documentaires d’utilité publique, soutenir la création, encourager le débat… Sauf qu’ici, 81,73 % de cette manne partent dans les charges de personnel. Et pour le reste ? Silence radio. Littéralement.
Et on ne finance pas n’importe quoi ! On paie pour voir les mêmes visages, entendre les mêmes discours, suivre les mêmes cérémonies dont le suspense est mort-né. On paie pour être endormis en stéréo. Pendant ce temps, les médias privés ? Ceux qui essaient encore de faire du journalisme avec un grand J ? Ils peuvent aller gratter des subventions ailleurs ou attendre la très hypothétique “aide à la presse publique”, une pitance, parce qu’ici, le seul micro qui mérite un budget, c’est celui qui chante les louanges du pouvoir.
Le plus savoureux ? C’est qu’on appelle ça “service public”. Mais dans quel pays le service public est-il délibérément privatisé au profit d’un seul parti ? Quelle démocratie digne de ce nom demande à ses citoyens de payer pour se faire bourrer le crâne de la communication et non de l’information ? Et surtout : qui osera couper ce tam-tam quand la chanson devient indigeste ?
En attendant, continuez de payer. C’est pour la paix, dit-on. Et comme chacun sait, la paix, c’est quand tout le monde se tait… sauf le tam-tam.