La Yong Sports Academy (YOSA) de Bamenda, club historique du championnat camerounais MTN Elite One, a annoncé son retrait pur et simple de la compétition en raison d’un conflit financier persistant avec la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT). Le président du club, Emma Mimba, a confirmé cette décision radicale lors d’une déclaration publique, dénonçant le non-paiement des subventions promises par l’instance dirigeante. « YOSA est la seule équipe à ne pas avoir reçu l’argent qui lui avait été alloué », a-t-il affirmé, menaçant de maintenir ce boycott jusqu’à un règlement complet des arriérés.

Une crise financière aux multiples facettes

Selon des sources internes, ce retrait s’inscrit dans un contexte plus large de tensions structurelles entre les clubs et la FECAFOOT. Depuis des mois, plusieurs formations dénoncent des retards répétés dans le versement des subventions publiques, pourtant promises par l’État. En décembre 2024, le gouvernement avait annoncé l’octroi de 350 millions de FCFA à la FECAFOOT pour soutenir l’organisation des championnats professionnels. Toutefois, YOSA affirme n’avoir jamais perçu sa part, aggravant une situation déjà précaire.

Le club, fondé en 2004, cumule également des dettes historiques. En 2016, une somme de 500 000 FCFA due à un ancien joueur, Aimé Bosco Talla, n’aurait jamais été réglée, ce qui a valu à YOSA une rétrogradation administrative en deuxième division en 2024, selon un communiqué de la FECAFOOT. Cette décision, contestée par le club, a accentué les tensions avec les instances fédérales.

Instabilité managériale et défiance institutionnelle

La crise actuelle s’ajoute à une série de turbulences internes. En mars 2024, l’entraîneur principal Akosemoh Theodore avait démissionné après un conflit avec Emma Mimba, critiquant l’ingérence du président dans les décisions techniques . Par ailleurs, une dispute sur la gouvernance du club avait éclaté en juin 2024, lorsque la famille fondatrice avait annoncé la vente de 80 % des parts à la Mimba Empire, dirigée par Emma Mimba. Cette transaction avait été contestée par l’ancien président Chi Mitterrand, créant une confusion juridique persistante.

Aujourd’hui, Mimba, à la fois président et actionnaire majoritaire, utilise cette tribune pour dénoncer ce qu’il qualifie de « gestion opaque » de la FECAFOOT. « Comment expliquer que d’autres clubs aient reçu leurs fonds, mais pas nous ?», interroge-t-il, soulignant l’impact de ces retards sur les conditions de vie des joueurs et le recrutement.

Un mouvement qui pourrait faire tâche d’huile

YOSA n’est pas le seul club à protester. Début avril 2025, le Bamboutos FC avait déjà boycotté plusieurs matchs pour les mêmes raisons, exigeant le paiement des primes et subventions. Cette solidarité naissante entre clubs précaires pourrait contraindre la FECAFOOT à revoir sa politique financière.

Cependant, les conséquences sportives sont immédiates : YOSA, bon dernier du classement avec seulement sept points en trente matchs, risque une relégation inévitable si le boycott se prolonge. Pourtant, l’équipe maintient ses entraînements, espérant un retour rapide en cas de résolution du conflit.

Une ligue camerounaise sous tension

Ce bras de fer soulève des questions plus larges sur la viabilité du football professionnel au Cameroun. Les retards de paiement, couplés à des accusations de mauvaise gouvernance, érodent la crédibilité de la FECAFOOT, déjà critiquée pour son manque de transparence . Samuel Eto’o, président de la fédération, se trouve sous pression pour apaiser les tensions, d’autant que l’État tarde à débloquer intégralement les fonds promis.

En attendant, les supporters de YOSA, attachés à ce club symbole du Nord-Ouest, redoutent un scénario catastrophe : la disparition pure et simple d’une institution centenaire, victime d’un système footballistique à bout de souffle.

Le boycott de YOSA illustre une crise systémique du football camerounais, où les promesses non tenues et les dettes accumulées menacent l’existence même des clubs. Alors que la saison 2024-2025 peine à convaincre, la balle est désormais dans le camp des instances dirigeantes pour rétablir la confiance et garantir un financement équitable. Sans quoi, d’autres équipes pourraient emboîter le pas à YOSA, plongeant le championnat dans un chaos sans précédent.

Emmanuel Ekouli

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