En déplacement dans la région de l’Extrême-Nord ce mercredi, le Premier ministre Joseph Dion Ngute a marqué une étape symbolique dans la relance socioéconomique de cette zone fragilisée par des années de conflits. Lors d’une cérémonie solennelle à Maroua, il a remis des dons composés de matériel scolaire et d’intrants agricoles à des centaines d’élèves et de producteurs locaux. Un geste fort qui s’inscrit dans le cadre du Programme spécial de reconstruction et de développement du Nord (PSRDN-EN), un dispositif gouvernemental piloté par Alhadji Magra et conçu pour redonner espoir à une région meurtrie par les exactions de Boko Haram.

Éduquer pour reconstruire, cultiver pour prospérer
Sous un soleil matinal, des cartables neufs, des manuels scolaires, des kits de semences améliorées et des engrais ont été distribués devant une foule reconnaissante. « Ces dons ne sont pas que des objets. Ils incarnent la promesse d’un avenir meilleur », a déclaré le Premier ministre, soulignant la double priorité du gouvernement : scolariser la jeunesse et revitaliser l’agriculture, pilier économique de la région. Dans l’Extrême-Nord, où près de 70 % de la population vit de la terre, relancer le secteur agricole est une urgence. Les intrants offerts – notamment des semences résistantes à la sécheresse – visent à booster la productivité malgré un climat sahélien hostile.

Une réponse structurelle à une crise multiforme
Alamine Ousman Mey, président du comité de pilotage du PSRDN-EN, a rappelé que « cette initiative incarne la vision du président Paul Biya : reconstruire par le haut, en investissant dans les leviers durables que sont l’humain et la terre ». Depuis 2020, le programme a déjà permis la réhabilitation de dizaines d’écoles et de centres de santé, ainsi que la formation de milliers d’agriculteurs aux techniques modernes. Mais les défis restent immenses. Entre 2014 et 2020, les attaques de Boko Haram ont provoqué le déplacement de plus de 250 000 personnes et paralysé des infrastructures clés.

Sur le terrain, l’espoir renaît
Dans la cour de l’école publique de Zokok, les élèves brandissent leurs nouveaux cahiers avec fierté. « Avant, je partageais un livre avec trois camarades. Maintenant, je pourrai étudier correctement », confie Aïcha, 14 ans. Du côté des agriculteurs, l’optimisme est tout aussi palpable. Oumarou, producteur de mil à Koza, salue « une aide concrète qui arrive à temps avant la saison des pluies ». Ces bénéficiaires, comme beaucoup d’autres, ont promis de « travailler dur pour honorer la confiance du chef de l’État ».

Un signal fort, mais des attentes persistantes
Si la visite du Premier ministre a été accueillie avec enthousiasme, certains acteurs locaux appellent à accélérer les projets. « Les besoins en eau et en électricité sont critiques. L’éducation et l’agriculture ne peuvent prospérer sans infrastructures de base », rappelle un leader communautaire sous couvert d’anonymat. Le gouvernement assure que le PSRDN-EN, doté d’un budget de 25 milliards de FCFA sur cinq ans, intégrera prochainement ces aspects.

Reconstruire dès la base
En misant sur les élèves et les paysans, Yaoundé envoie un message clair : la renaissance de l’Extrême-Nord passera par l’autonomisation des communautés. « C’est en semant aujourd’hui dans les salles de classe et les champs que nous récolterons demain la paix et la prospérité », a conclu Joseph Dion Ngute. Un pari audacieux, mais nécessaire pour une région déterminée à renaître de ses cendres.

Emmanuel Ekouli

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