Un enfant de cinq ans, frêle et innocent, s’efforce de soulever un sac à dos plus lourd que lui. À l’intérieur : des manuels, des cahiers, des devoirs… Une charge physique, mais surtout symbolique. Celle d’un système éducatif devenu une course de fond sans ligne d’arrivée visible.

Dans certains établissements scolaires du Cameroun, les enfants passent jusqu’à 11 heures par jour à l’école, entre cours, devoirs surveillés et répétitions de leçons, sans oublier les extras les samedis. Une performance digne d’un marathon… sauf qu’à la ligne d’arrivée, peu d’élèves savent résoudre des problèmes de la vie réelle, entreprendre, créer ou même se connaître eux-mêmes. Pour quel résultat ?

Un système long, coûteux et peu rentable humainement

De l’école primaire au doctorat, un jeune Camerounais peut passer 17 ans ou plus dans les bancs de l’école, sans compter les stages, concours, et formations supplémentaires. Et pourtant, à la sortie :

il est souvent dépendant d’un employeur invisible, peu armé pour créer sa propre activité, mal préparé à la vie civique et professionnelle, écrasé par la théorie, la discipline aveugle, la peur de l’erreur.

L’école camerounaise, héritière d’un modèle colonial figé, valorise la récitation plus que la réflexion, la conformité plus que l’audace, le diplôme plus que la compétence.
En Scandalousie, on ne devient pas docteur pour faire avancer la science, non. On le devient pour : obtenir une place VIP aux funérailles, être invité sur les plateaux TV où l’on confond débat intellectuel et match de catch verbal, humilier les pauvres licenciés en leur lançant : « Quand vous aurez mon niveau, vous parlerez ».

Ce que le Cameroun doit oser : une révolution pédagogique

L’Afrique, et le Cameroun en particulier, ne peut plus se contenter d’un système éducatif centré sur la passivité et la répétition. L’heure est à la transformation radicale, avec quelques priorités :

Raccourcir le temps scolaire en supprimant les redondances : apprendre mieux et plus vite n’est pas une utopie à l’ère de l’intelligence artificielle et des ressources numériques.

Introduire l’entrepreneuriat, l’agriculture, l’art et le sport comme disciplines de base, dès le primaire.

Instaurer des classes actives, qui valorisent le débat, la coopération, l’expérimentation.

Revaloriser les métiers techniques et artisanaux, trop souvent relégués au second plan.

Repenser l’école comme un lieu de vie, pas de dressage, où l’enfant se construit dans toutes ses dimensions : intellectuelle, émotionnelle, sociale et spirituelle.

Il est temps de se demander si l’école au Cameroun forme des citoyens épanouis et utiles, ou simplement des réceptacles de connaissances mortes, en attente d’un emploi qui ne viendra peut-être jamais.

Le monde change. Les méthodes aussi. Et l’Afrique n’a pas vocation à rester à la remorque de modèles dépassés. Une révolution pédagogique africaine s’impose. Pas pour faire joli, mais pour libérer le génie de nos enfants avant que leurs sacs trop lourds ne brisent leurs rêves.

Charles Chacot Chimé

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