
Comment le CNC enterre les plaintes du MRC tout en laissant prospérer la désinformation des journaux pro-régime
La partialité du Conseil National de la Communication (CNC) vient une fois de plus d’être exposée au grand jour. Alors que le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) de Maurice Kamto avait déposé plusieurs plaintes contre des journaux accusés de diffamation et de désinformation, le CNC a purement et simplement classé l’affaire. Pire, aucun de ces médias, connus pour être des relais du pouvoir en place et dirigés de près ou de loin par Paul Atanga Nji, le ministre de l’Administration territoriale surnommé le “Grand Rec” (pour “Grand Rédacteur en Chef”), n’a été inquiété.

Une affaire emblématique de la partialité du CNC
L’affaire remonte à plusieurs mois, lorsque des journaux pro-gouvernementaux ont accusé sans preuve la Brigade Anti-Sardinard (BAS), un mouvement de soutien à Maurice Kamto, d’avoir attaqué le ministre de la Jeunesse et l’ambassadeur du Cameroun en Belgique. Des allégations graves, publiées sans le moindre début de vérification, et qui visaient clairement à criminaliser l’opposition et ses sympathisants.
Le MRC avait réagi en déposant des plaintes formelles auprès du CNC, exigeant des sanctions contre ces organes de presse qui, selon lui, relèvent davantage de la propagande que de l’information. Mais contre toute attente, le CNC a rejeté toutes les requêtes du parti d’opposition, sans même exiger des journaux incriminés la preuve de leurs accusations.
Deux poids, deux mesures : Quand le CNC protège les médias du “système”
Cette décision (ou plutôt cette non-décision) du CNC confirme une pratique bien ancrée : l’institution, censée réguler et garantir l’équité dans les médias, fonctionne en réalité comme un outil de censure et de protection des intérêts du régime.
D’un côté, les médias critiques envers le pouvoir sont rapidement sanctionnés, suspendus, voire purement et simplement interdits. De l’autre, les journaux pro-gouvernementaux peuvent diffamer, mentir et manipuler en toute impunité, dès lors que leurs cibles sont des opposants ou des voix dissidentes.
Paul Atanga Nji, souvent cité comme le véritable patron de plusieurs de ces feuilles de chou, semble bénéficier d’une immunité médiatique totale. Alors que des journalistes indépendants sont harcelés, emprisonnés ou contraints à l’exil pour leurs enquêtes, les “journaux à gage” continuent de déverser leur poison sans jamais être inquiétés.
Le CNC, une institution discréditée
À force de partialité, le CNC a perdu toute crédibilité. Son rôle n’est plus de réguler la presse, mais de servir de garde-fou aux médias du pouvoir. En enterrant les plaintes du MRC, l’institution envoie un message clair : la diffamation est permise… à condition qu’elle vise les “bons” adversaires.
Cette affaire soulève une question fondamentale : dans un Cameroun qui se dit démocratique, comment peut-on tolérer que l’organe de régulation des médias soit aussi ouvertement instrumentalisé ?
Le silence complice du CNC est une insulte à la démocratie
Si le CNC continue d’agir en tribunal politique plutôt qu’en instance indépendante, alors il n’a plus sa raison d’être. Les Camerounais méritent une presse libre, mais aussi une presse responsable. Et cela passe par une régulation équitable, transparente, et surtout… impartiale.
En attendant, le MRC et Maurice Kamto ont une nouvelle fois raison de dénoncer cette mascarade. Car dans ce pays, il semble que certains médias aient tous les droits… tant qu’ils ne dérangent pas “le bon ordre” établi.
Emmanuel Ekouli