Cannes, le 13 mai 2024 – Alors que le 78e Festival de Cannes s’apprête à dérouler son tapis rouge, c’est une autre sorte de spectacle qui monopolise l’attention. Lundi 12 mai, la direction de l’événement a durci son règlement vestimentaire, interdisant explicitement la nudité sur les marches du Palais des Festivals. Une décision justifiée par des impératifs de « décence » et de « respect de la loi », mais qui enflamme déjà les débats entre défenseurs de la liberté artistique et partisans d’un retour à l’élégance classique. 

Un dress code redéfini : Zéro tolérance pour la transparence 
Dans un communiqué publié sur son site officiel, le Festival a martelé : « Pour des raisons de décence, la nudité est interdite sur le tapis rouge. Les équipes d’accueil seront obligées d’interdire l’accès à toute personne ne respectant pas ces règles. » Une précision qui sonne comme un avertissement aux stars et influenceurs habitués à pousser les limites du daring dressing. Exit les robes translucides, les silhouettes ultra-échancrées ou les tenues laissant entrevoir les tétons. Les contrevenants risquent désormais l’exclusion pure et simple du tapis rouge, symbole sacré de Cannes. 

2024 : L’Année des robes qui ont fait scandale 
Cette mesure fait écho aux polémiques de l’édition précédente. En 2024, les mannequins Bella Hadid et Natasha Poly avaient marqué les esprits avec des tenues jugées provocantes. La première avait osé une robe moulante au décolleté plongeant, laissant ses tétons apparents sous les flashes. La seconde avait opté pour un body en dentelle noire, si échancré qu’il défiait les lois de la gravité. Des looks salués par la presse mode, mais critiqués par des voix conservatrices, relançant le débat sur la frontière entre audace et indécence. 

Panique sur la croisette : stylistes et marques sous pression
L’annonce a jeté un froid parmi les acteurs de la fashion sphère. Dans les suites des palaces de la Croisette, stylistes et maisons de couture s’arrachent les cheveux pour repenser les tenues déjà préparées. « C’est un retour en arrière ! s’exclame une styliste sous couvert d’anonymat. Le tapis rouge de Cannes était un laboratoire de la mode. Limiter la créativité, c’est trahir l’esprit du festival. » À l’inverse, certains saluent une décision « nécessaire » face à la surenchère de transparence, comme l’illustrait récemment Bianca Censori aux Grammy Awards, vêtue d’une robe entièrement transparente, accompagnée d’un Kanye West en garde du corps ombrageux. 

Débat sociétal : Où placer le curseur de la liberté ?
Au-delà des paillettes, la controverse soulève des questions plus larges. Pour Thierry Frémaux, délégué général du Festival, il s’agit de « préserver le prestige des lieux et le respect des participants ». Un argument appuyé par des élus locaux, rappelant que l’espace public est soumis à des lois contre l’exhibitionnisme. Mais les détracteurs y voient une censure déguisée. « Cannes célèbre le cinéma, un art qui questionne les normes. Cette rigidité vestimentaire est contradictoire », argue une critique culturelle. 

Un climat en évolution : Vers un nouvel âge d’or de l’élégance ?
Reste à savoir comment cette règle sera appliquée. Les « équipes d’accueil » mentionnées devront-elles jouer les vigiles, une écharpe à la main pour couvrir les épaules dénudées ? Quid des tenues masculines, souvent moins scrutées ? Si certains espèrent un retour à l’élégance des années Gainsbourg ou Grace Kelly, d’autres redoutent une uniformisation ennuyeuse. 

En 2024, le tapis rouge de Cannes avait enregistré un pic d’audience sur les réseaux sociaux grâce à ses tenues ultra-médiatisées. En 2025, le festival pariera-t-il sur la sobriété pour recentrer l’attention sur les films ? Une chose est sûre : cette année, les robes parleront presque autant que les réalisateurs. Et dans les coulisses, la bataille entre provocation et tradition ne fait que commencer. 

La mode, un art à part entière ?
Alors que les premières stars gravissent les marches sous les huées ou les applaudissements, une question persiste : le dress code de Cannes doit-il encadrer la mode ou l’étouffer ? Entre respect des normes et célébration de la créativité, le Festival devra trouver un équilibre délicat… sous peine de voir son tapis rouge perdre un peu de sa magie.

Emmanuel Ekouli à Cannes

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