

BREAKING NEWS ? Non, FLASHING NEWS ! L’État du Cameroun vient de redevenir actionnaire majoritaire d’ENEO, l’éternel fournisseur d’électricité défaillante, en déboursant 78 milliards de FCFA pour racheter les parts du fonds britannique Actis. Oui, vous avez bien lu : 78 milliards pour racheter… les coupures de courant à domicile.
Quelle divine surprise ! Après des années passées à se laver les mains comme Ponce Pilate pendant qu’Actis faisait du stand-up énergétique, l’État camerounais décide enfin de se réengager, comme un ex toxique qui revient avec un bouquet de roses fanées. Le même État qui se plaignait du manque de performances du gestionnaire privé, mais qui avait tout fait pour lui dérouler le tapis rouge en 2014. Une privatisation dans l’opacité la plus brillante , plus brillante que les ampoules Eneo aux heures de pointe.
Actis, clap de fin ou fin de claque ?
Actis, ce fonds d’investissement qui a eu la main mise sur Eneo pendant une décennie, quitte donc la scène avec un gros chèque et surtout sans avoir jamais allumé la lumière au bout du tunnel. Une gestion qui aura brillé… par son inefficacité. Entre infrastructures vieillissantes, surfacturations démentielles et factures d’électricité qui arrivent même quand le courant n’arrive pas, Actis a su faire fructifier un modèle unique : l’investissement dans le noir.
Mais que fait-on quand on se rend compte que l’actionnaire privé n’a pas été à la hauteur ? On ne le poursuit pas, on ne l’audite pas… on le paie. Et grassement.
Savannah Energy, l’autre serpent dans le noir
Et puisque l’ampoule de la lucidité semble enfin clignoter à Yaoundé, parlons donc de Savannah Energy, cette société britannique au flair financier affûté, qui a failli prendre le contrôle de la SONARA, de la SCDP et d’autres joyaux énergétiques du Cameroun. Son projet ? Un monopole du secteur stratégique de l’énergie, emballé dans un discours de “transition énergétique” et arrosé d’influences discrètes mais puissantes.
Heureusement, les fuites ont éclaté et la pression populaire – bien qu’intermittente comme le courant – a permis de tirer la prise. Mais si le deal Eneo est passé sous silence depuis un moment, on se demande combien d’autres Savannah en puissance dorment dans les tiroirs de certaines officines.
L’État stratège ou stagiaire ?
Maintenant que l’État redevient majoritaire, les Camerounais se posent la question : et alors ? Est-ce pour enfin offrir un service digne de ce nom, ou pour mieux redistribuer les postes juteux à quelques dinosaures administratifs qui confondent centrale thermique et centrale d’achats de 4×4 ?
Se réapproprier Eneo ne suffit pas. Encore faut-il éteindre la corruption, allumer la compétence et surtout stabiliser la tension nationale, car les Camerounais sont émotionnellement en surcharge. Si ce rachat n’est qu’un prétexte pour renationaliser l’incompétence, alors nous venons de payer 78 milliards pour une version Deluxe des délestages.
Le peuple n’attend qu’une chose : que ce geste ne soit pas une opération cosmétique pour des intérêts opaques. Après tout, quand l’État est à la tête d’une société, ce n’est pas toujours un gage d’efficacité, mais parfois une garantie d’impunité.
Et si jamais rien ne change, eh bien… nous pourrons toujours nous consoler avec une bougie. Produite localement, espérons-le.
Charles Chacot Chimé