La compagnie française Corsair lance un pavé dans la mare en projetant une nouvelle ligne vers Douala, s’attaquant directement aux géants Air France et Camair-Co. Une guerre des prix et du confort s’annonce.

Une nouvelle concurrence dans le ciel africain

Corsair, la compagnie aérienne française spécialisée dans les vols long-courriers, nourrit une ambition audacieuse : ouvrir une nouvelle liaison entre Paris et Douala, capitale économique du Cameroun. Cette annonce, si elle se concrétise, plongerait Corsair dans une concurrence directe avec Air France, leader historique sur cette route, et Camair-Co, la compagnie nationale camerounaise qui prépare son retour sur ce trajet après plusieurs années d’absence.

Avec une flotte composée de neuf Airbus A330neo, réputés pour leur faible consommation de carburant et leur confort amélioré, Corsair mise sur un positionnement à mi-chemin entre le low-cost et le premium. La compagnie dessert déjà plus de dix destinations à travers le monde, notamment dans les Caraïbes et l’océan Indien, mais l’Afrique représente un marché stratégique en pleine expansion.

Air France et Camair-Co sous pression

Actuellement, Air France domine le trajet Paris-Douala avec plusieurs vols hebdomadaires, bénéficiant d’une clientèle fidèle et d’un réseau de correspondances étendu. Toutefois, la compagnie tricolore pourrait voir son hégémonie contestée si Corsair parvient à proposer des tarifs plus attractifs tout en maintenant un niveau de service compétitif.

De son côté, Camair-Co, qui avait suspendu ses vols vers Paris en 2017 en raison de difficultés financières, prévoit un retour en force sur cette ligne. Le gouvernement camerounais, actionnaire majoritaire, mise sur une restructuration et l’acquisition de nouveaux appareils pour relancer la compagnie. Mais Corsair pourrait bien lui voler la vedette en s’implantant avant elle.

Stratégie de Corsair : prix bas et confort optimisé

Pour séduire les passagers, Corsair compte jouer sur deux tableaux : des billets moins chers que ceux d’Air France et un service supérieur à celui des compagnies low-cost. Ses A330neo, équipés de sièges ergonomiques, de Wi-Fi à bord et d’un système de divertissement moderne, pourraient faire la différence.

« Nous ciblons une clientèle à la recherche d’un bon rapport qualité-prix, explique un porte-parole de Corsair. Les voyageurs africains, notamment la diaspora, sont sensibles aux tarifs, mais aussi au confort, surtout sur un vol long-courrier. »

Enjeux économiques et défis logistiques

L’ouverture de cette ligne n’est pas sans risques. Le marché africain est exigeant, avec une forte sensibilité aux prix et une concurrence accrue. De plus, Corsair devra composer avec les contraintes logistiques de l’aéroport de Douala, parfois critiqué pour ses retards et ses infrastructures vieillissantes.

Autre défi : la saisonnalité du trafic. Les vols entre l’Europe et l’Afrique connaissent des pics pendant les vacances scolaires et les fêtes de fin d’année, mais peuvent être moins remplis en période creuse. Corsair devra donc ajuster sa fréquence de vols pour éviter les pertes financières.

Réactions mitigées parmi les voyageurs

Du côté des passagers, l’annonce de Corsair suscite à la fois de l’enthousiasme et de la méfiance. « Si Corsair propose des prix 20 à 30 % moins chers qu’Air France, je n’hésiterai pas à essayer », confie Jean, un Franco-Camerounais résidant à Paris. D’autres, plus sceptiques, rappellent les mauvaises expériences avec certaines compagnies low-cost sur long-courrier.

Vers une guerre des prix ?

Si Corsair confirme son projet, Air France et Camair-Co pourraient réagir en baissant leurs tarifs ou en améliorant leurs services. Une telle concurrence serait bénéfique pour les consommateurs, mais pourrait aussi fragiliser les compagnies les moins rentables.

Une chose est sûre : le ciel entre Paris et Douala n’a pas fini de faire parler de lui. Corsair, en se lançant dans cette aventure, prend un pari risqué, mais potentiellement lucratif.

Qui remportera la bataille ?

Dans les mois à venir, les voyageurs auront le choix entre trois compagnies sur la ligne Paris-Douala. Corsair parviendra-t-elle à s’imposer face aux poids lourds du secteur ? Réponse en 2024, si le projet se concrétise. En attendant, une chose est certaine : la guerre du ciel africain ne fait que commencer.

Emmanuel Ekouli