Lancé en grande pompe en février dernier, le nouveau système d’obtention de la carte nationale d’identité (CNI) devait révolutionner les démarches administratives au Cameroun. Promesse phare : une délivrance en 48 heures. Pourtant, plusieurs mois après son déploiement, les usagers dénoncent des retards interminables, des procédures opaques et des dysfonctionnements récurrents. Une situation qui rappelle malheureusement d’autres projets gouvernementaux annoncés avec fanfare, mais qui ont finalement accouché d’une souris.

Un système loin des promesses initiales

Le directeur général de la Sûreté nationale (DGSN) avait présenté cette réforme comme une avancée majeure, combinant enrôlements en ligne et en présentiel pour simplifier la vie des citoyens. Mais sur le terrain, la réalité est tout autre. Seuls les dossiers « sans problème de filiation ou de double identité » bénéficient effectivement du délai de 48 heures. Pour les autres – et ils sont nombreux –, les attentes s’étirent sur des semaines, voire des mois.

« J’ai fait ma demande en mars, et jusqu’à présent, rien. À chaque fois que j’appelle, on me dit que mon dossier est en cours de traitement », témoigne Armand, un habitant de Douala. Comme lui, des milliers de Camerounais expriment leur frustration sur les réseaux sociaux et dans les administrations. Les centres d’enrôlement, souvent surchargés, peinent à suivre le rythme, et les plateformes en ligne connaissent des bugs fréquents.

Un énième projet mal ficelé ?

Ce fiasco n’est malheureusement pas une exception. Ces dernières années, plusieurs initiatives publiques, présentées comme révolutionnaires, ont fini par décevoir.

  • Le chantier du métro de Yaoundé : Annoncé en 2019 comme la solution aux embouteillages monstres de la capitale, le projet devait être opérationnel en 2024. Pourtant, à mi-2025, les travaux tardent à démarrer sérieusement, et les financements semblent toujours en suspens.
  • L’usine de traitement des déchets de Bafoussam : Lancée en grande pompe en 2021, cette structure devait résorber la crise des ordures dans l’Ouest. Trois ans plus tard, elle tourne au ralenti, faute d’équipements adaptés et de gestion efficace.
  • Le projet e-visa : Destiné à faciliter l’entrée des touristes, ce système électronique, inauguré en 2022, reste peu fonctionnel, avec des délais de traitement bien plus longs que ceux promis.

Face à ces échecs répétés, les citoyens s’interrogent : pourquoi tant de projets sont-ils mal exécutés, malgré les annonces triomphales ?

Manque de suivi, opacité et lourdeurs administratives

Pour les observateurs, plusieurs facteurs expliquent ces ratages à répétition :

  • Des lancements précipités : Les autorités ont tendance à annoncer des projets avant même que toutes les conditions techniques et logistiques ne soient réunies.
  • Un manque de transparence : Les budgets alloués et les contrats signés restent souvent opaques, favorisant les suspicions de détournements.
  • Une bureaucratie paralysante : Les lourdeurs administratives, combinées à un manque de formation des agents, ralentissent considérablement les processus.

Dans le cas de la nouvelle CNI, la DGSN assure que les difficultés sont « temporaires » et que les corrections sont en cours. Mais pour les Camerounais, la patience s’amenuise. « On nous promet toujours la lune, mais au final, on attend toujours », résume une habitante de Yaoundé.

Quelles solutions pour éviter de nouveaux échecs ?

Pour regagner la confiance des citoyens, les pouvoirs publics devraient :

  • Mieux planifier : Éviter les annonces précipitées sans études préalables solides.
  • Renforcer la transparence : Publier régulièrement l’état d’avancement des projets et les budgets engagés.
  • Améliorer la formation : Former les agents et moderniser les infrastructures pour garantir un service efficace.

En attendant, la grogne monte. Et chaque nouveau projet avorté renforce le sentiment que, derrière les discours ambitieux, peu de choses changent vraiment.

Emmanuel Ekouli

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