Le Cameroun, pays structurellement déficitaire en matière de production d’huile de palme, a surpris en exportant 657,3 tonnes de cette précieuse ressource en 2022, générant des revenus estimés à 713,6 millions de FCFA. Cependant, ces exportations ont considérablement diminué par rapport à l’année précédente, où le pays avait exporté 4 073,7 tonnes, représentant des recettes d’exportation de 3,6 milliards de FCFA. Cette baisse significative s’explique par l’augmentation continue du déficit de production d’huile de palme au Cameroun.
Au fil des années, le Cameroun a vu son déficit de production d’huile de palme augmenter, malgré la multiplication des raffineries et des savonneries sur son territoire. Selon l’Association des raffineurs des oléagineux du Cameroun (Asroc), le déficit structurel de production a atteint 160 000 tonnes en 2022, contre 130 000 tonnes en 2020.
Emmanuel Koulou Ada, président du Comité de régulation de la filière des oléagineux, précise que ce déficit est calculé sur la base de 50% des capacités des entreprises de transformation. Cependant, si l’on se réfère aux capacités réelles des transformateurs, le déficit est en réalité beaucoup plus important. Cette situation contraint le Cameroun à effectuer des importations à taux de douane réduits pour garantir l’approvisionnement des industriels tout en préservant la part d’huile de palme brute destinée à la consommation des ménages.
L’exportation d’huile de palme malgré le déficit de production présente des avantages économiques pour le Cameroun, car elle permet de générer des revenus d’exportation substantiels. Cependant, cela soulève également des préoccupations sur les plans environnemental et social.
La production d’huile de palme est souvent associée à la déforestation, à la perte de biodiversité et aux conflits fonciers. Le Cameroun doit donc trouver un équilibre entre l’exploitation de cette ressource lucrative et la protection de son environnement naturel.
Pour résoudre le déficit structurel de production d’huile de palme, le Cameroun devra investir dans l’augmentation de sa capacité de production et la modernisation de ses infrastructures. Cela nécessitera une collaboration étroite entre le gouvernement, les acteurs de l’industrie et les organisations environnementales pour développer des pratiques durables et responsables.
De plus, la diversification de l’économie agricole du Cameroun pourrait constituer une solution à long terme en réduisant la dépendance excessive à l’égard de l’huile de palme. Encourager la culture d’autres cultures oléagineuses et promouvoir des alternatives durables à l’huile de palme pourrait contribuer à atténuer les problèmes économiques et environnementaux liés à cette industrie.
Bien que le Cameroun fasse face à un déficit croissant de production d’huile de palme, le pays a réussi à exporter une quantité significative de cette ressource en 2022. Cependant, il est crucial de trouver des solutions durables pour résoudre ce déficit tout en protégeant l’environnement et en diversifiant l’économie agricole du pays. Seule une approche équilibrée et concertée permettra de relever ces défis et de garantir un avenir prospère pour l’industrie de l’huile de palme au Cameroun.
Emmanuel Ekouli