Le Togo fait face à un changement majeur dans son système politique, passant d’un régime semi-présidentiel à un régime parlementaire. Après avoir été renvoyé en deuxième lecture par le chef de l’État, Faure Essozimna Gnassingbé, ce nouveau régime symbolise un “nouveau pacte social” pour le pays. Cependant, cette transition n’est pas sans controverses, l’opposition dénonçant un “coup d’État constitutionnel”.
Les changements clés du régime parlementaire
La nouvelle constitution adoptée en deuxième lecture apporte plusieurs changements significatifs. Tout d’abord, le mandat présidentiel unique de six ans est réduit à un mandat de quatre ans, renouvelable une fois. De plus, le Président est désormais élu sans débat par le congrès, composé du Sénat et de l’Assemblée nationale. Les candidats à la présidence sont présentés par les groupes parlementaires et l’élection se déroule à scrutin secret, avec une majorité absolue requise. Le président est également le chef de l’État, symbole de l’unité nationale, et a le pouvoir d’envoyer des messages aux chambres et d’accréditer les ambassadeurs. Avant d’entrer en fonction, il prête serment devant le congrès conformément à la Constitution. En revanche, le mandat du président du Conseil des Ministres reste inchangé, à six ans. Le véritable exercice du pouvoir sera entre les mains du président du conseil des ministres, qui sera obligatoirement le chef du parti majoritaire à l’Assemblée nationale, selon les dispositions du nouveau texte.
Réactions de l’opposition
L’opposition au Togo considère cette transition vers un régime parlementaire comme un stratagème du président Faure Essozimna Gnassingbé pour se maintenir au pouvoir. Faure, qui a succédé à son père après 38 ans de règne, est actuellement le président du parti majoritaire à l’Assemblée nationale. Nathaniel Olympio, président du parti des Togolais (PT-opposition), déclare que Faure Gnassingbé a clairement démontré son désir de conserver le pouvoir à tout prix. L’opposition souligne que le président avait déjà modifié la constitution en 2019, lui permettant de briguer deux nouveaux mandats supplémentaires en 2020 et 2025. Cependant, il serait contraint de quitter le pouvoir en 2030. Selon les opposants, cette nouvelle fonction de président du conseil des ministres est une manière pour Faure de se réserver le pouvoir de manière illimitée.
L’adoption du régime parlementaire au Togo marque un tournant politique important pour le pays. Les amendements constitutionnels réduisant le mandat présidentiel et renforçant le rôle du président du conseil des ministres suscitent des inquiétudes dans l’opposition, qui voit cela comme une manœuvre du président Faure Gnassingbé pour se maintenir au pouvoir. La promulgation de la nouvelle constitution par le chef de l’État est désormais attendue pour que les changements entrent en vigueur. L’évolution politique du Togo aura sans aucun doute des répercussions sur le pays et exigera une observation attentive de la part des citoyens et de la communauté internationale.
Emmanuel Ekouli