Le brillant esprit Tidjane Thiam, premier Ivoirien diplômé de la prestigieuse École polytechnique de Paris en 1984 puis de l’École des Mines en 1986 dont-il a été major et ensuite de l’Institut européen d’administration des affaires(INSEAD) en 1988 avant de connaître une ascension fulgurante exceptionnelle dans la finance internationale d’abord comme premier Africain d’origine et noir DG de l’assureur britannique Prudential ainsi que de la banque helvétique Crédit Suisse a été élu en décembre 2023 président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire ou PDCI.
C’est un saut vertigineux dans l’univers moins connu du monde cruel de la politique ivoirienne pour ce petit neveu du président et père de l’indépendance de la Côte d’Ivoire Félix Houphouët-Boigny qui a été absent du pays pendant 20 ans après le coup d’État du 24 décembre 1999 en Côte d’Ivoire ayant mis fin à sa brève carrière de ministre du Plan entre 1998-1999 sous la présidence du Chef de l’État Henri Konan Bédié malheureusement décédé le 1 août 2023 à 89 ans. Le PDCI, parti historique du pays qui n’a plus gouverné depuis 1999 espère avoir trouvé un sauveur en la personne de Tidjane Thiam élu haut la main au congrès du parti en décembre 2023 avec plus de 96% de voix pour permettre aux fidèles houphouetistes du PDCI et dans l’âme des autres parti politiques ivoiriens, notamment le RHDP du Chef de l’État Alassane Ouattara de toutes les tranches d’âge de resserrer les liens dans la perspective d’une victoire aux élections présidentielles de 2025.
Le matheux Tidjane Thiam habitué aux équations complexes, l’ingénierie de gestion de risque et aux algorithmes sait probablement que son chemin est jonché d’obstacles et d’embûches malgré son profil atypique qui lui a valu d’accéder vers les sphères les plus élevées de la finance mondiale en brisant le plafond de verre de deux des plus grandes entreprises occidentales avec une capitalisation boursière respective estimée à plusieurs milliards d’Euros. Parmi les obstacles majeurs du nouveau président du PDCI âgé de moins de 62 ans avec une stature charismatique et un souci permanent de faire la politique autrement que belliqueuse avec des coups bas, il y a d’abord des loups dans la bergerie du PDCI qui veulent saper son ascension au pouvoir suprême du pays par la division au sein même du parti parce qu’ils ont rêvé depuis longtemps la possibilité de présider aux destinées du PDCI après l’ancien président Henri Konan Bédié, figure illustre et indomptable du PDCI qui a cassé sa pipe en août dernier. La présidence du PDCI était très convoitée parce qu’elle constitue en même temps une rampe de lancement vers la conquête du pouvoir.
Le nouveau président du PDCI Tidjane Thiam doit poursuivre ses efforts voire affiner sa stratégie pour convaincre particulièrement l’un de ses principaux adversaires au sein du parti à savoir l’ancien ministre du Commerce Jean-Louis Billon de 2012 à 2017 dans le gouvernement de Daniel Kablan Duncan pendant le premier mandat présidentiel du président Ouattara. Ce richissime homme d’affaires par ailleurs héritier de l’empire agro-industriel SIFCA Jean-Louis Billon demeure un véritable caillou dans la chaussure au sein même du PDCI du plus jeune technocrate et directeur du Bureau National d’Études Techniques et de Développement(BNETD) à 31 ans qui s’était illustré par la réalisation de grands projets pour la Côte d’Ivoire. L’ancien ministre Jean-Louis Billon a une surface financière importante, des bras longs pour être un frein sérieux pour Tidjane Thiam pour accéder au pouvoir en 2025 ainsi que des connexions assez profondes avec certains membres influents du cercle de l’appareil du pouvoir actuel. L’.affront de M. Jean-Louis Billon surtout pourrait favoriser une démobilisation des militants à cause des luttes internes. Cette atmosphère conflictuelle et de rébellion risque finalement de jouer le jeu du parti au pouvoir parce que cette division est profitable aux adversaires au pouvoir pour gagner les prochaines élections plus facilement en 2025.
La politique est un monde manichéen où la cruauté des acteurs n’est pas toujours un jeu à somme nulle parce qu’il y a généralement des perdants et des gagnants. Tidjane Thiam qui a pris l’habitude d’être un gagnant dans le monde de la finance est certainement depuis quelques mois à l’école par la pratique comme président d’un illustre parti politique ayant de nombreux cadres et jeunes loups qui lorgnent son siège avec beaucoup d’appétit. Nous savons que la stratégie, l’honnêteté, l’ambition et l’intelligence participent à la réussite du management contemporain. C’est en cela que toute gestion vient à maturité. Monsieur Tidjane Thiam doit s’inspirer de ses recettes de succès en finance mais en prenant en compte d’autres paramètres à intégrer dans son équation vers la conquête du pouvoir en 2025. Il n’a plus assez de temps compte tenu de l’échéance présidentielle l’année prochaine. Ce dernier a le désavantage d’avoir passé deux décennies à l’extérieur de la Côte d’Ivoire ce qui fait qu’il n’est pas assez connu des populations dans les régions reculées du pays.
Cependant, le cador de la finance internationale Tidjane Thiam a aussi un réel atout ou avantage parce qu’il n’a pas les mains sales par rapport aux différentes crises politiques du pays ce qui peut l’aider dans une certaine mesure sans oublier ses réseaux dans les cercles de décision ou de pouvoir à travers le monde. Par ailleurs, son discours rassembleur et policé, notamment envers Alassane Ouattara dont-il est proche depuis de nombreuses années pourrait lui servir même s’il devient un sérieux adversaire pour l’élection de 2025. Le Président Alassane Ouattara ne semble pas particulièrement décidé à se lancer pour un 4ème mandat l’année prochaine et serait même disposé à ne pas être candidat si l’ancien chef de l’État Laurent Gbagbo par exemple mettait un terme à son ambition présidentielle en 2025. Si c’était le cas, le président du PDCI aurait des chances sérieuses de pouvoir gagner aux élections l’année prochaine en essayant de favoriser le compromis avec certains leaders politiques d’autres partis de l’opposition.
Les obsèques de l’ancien président Henri Konan Bédié vont débuter le 20 mai prochain et Tidjane Thiam a été reçu en mars dernier avec une importante délégation du PDCI par le chef de l’État Alassane Ouattara au Palais présidentiel au sujet de l’organisation du deuil. Le chef de l’État Alassane Ouattara en a profité pour affirmer son attachement au PDCI dont-il a été l’un des principaux dirigeants à l’époque où il était Premier ministre. Ces obsèques seront aussi une occasion pour Tidjane Thiam de se faire connaître un peu plus des Ivoiriens et de prendre davantage de lumière comme successeur du chef de l’État Henri Konan Bédié à la tête du PDCi. Tidjane Thiam malgré la profonde douleur de cette disparition doit essayer d’asseoir sa crédibilité et rassurer les Ivoiriens d’une manière générale qu’il a l’étoffe nécessaire pour devenir le prochain président de Côte d’Ivoire.
Ferdinand MAYEGA à Paris