L’universitaire de Considéré comme l’un des universitaires les plus brillants de son époque, Joseph Owona s’en est allé à 78 ans la semaine dernière sans cor ni trompète.
La rumeur courait dans les salons feutrés de Yaoundé, mais personne n’osait s’aventurer pour annoncer le décès du Pr Joseph Owona. Et puis il y a eu ce post de son fils Eric Mathias Owona Nguini qui est venu confirmer ce qui se racontait tout bas : la mort du professeur.
Ancienne ponte du régime de Paul Biya, Joseph Owona n’est pas moins une sommité de l’intelligentsia camerounaise. Née en janvier 1945 à Akom, bourgade du sud du Cameroun, il a marqué son temps et son époque. D’abord parce qu’il était cité au nombre des juristes les plus respectés du pays, mais aussi parce qu’il a su se tailler le costume d’homme d’Etat dans un environnement politique improbable. Joseph Owona a toujours su patauger dans le marigot du landernau politique camerounais connu pour être glauque et impitoyable pour les têtes bien faites.
Il peut s’enorgueillir de s’être le plus rapproché du soleil, car il a côtoyé le président de la République Paul Biya. On lui prête même d’avoir été un temps l’une des plumes du locataire du palais d’Etoudi. Le concerné n’a jamais confirmé ou infirmé. Il s’en est allé avec ce secret et beaucoup d’autres encore. L’érudit n’a pas eu le temps d’écrire ses mémoires pour éclairer la postérité sur son aventure dans les hautes sphères du pouvoir.
On retient toutefois que le professeur Joseph Owona, qui domiciliait à Yaoundé et à Bordeaux fait ses études en droit à l’université de Yaoundé. Il poursuit à Paris Sorbonne où il optient son doctorat. Ce qui lui donne droit par la suite à une chaire en droit constitutionnelle dans son pays. Il est par la suite reçu comme lauréat du concours français d’agrégation en droit public et en science politique. A moins de 30 ans, il devient l’un des plus jeunes agrégés du Cameroun et même du continent.
Joseph Owona a enseigné durant plus d’une quarantaine d’années dans plusieurs universités africaines et du monde. Il assure la fonction de chef du service enseignement et recherche à l’université de Yaoundé en 1973, puis chef du département de droit public en 1976. Il est nommé directeur de l’Institut des relations internationales du Cameroun (Iric) le 9 septembre 1976 et occupe la fonction jusqu’au 22 août 1983. Il faut dire que son parcours professionnel est quasiment kilométrique…
Mais il est important de souligner qu’il est considéré comme Le père de la Constitution de 1996 au Cameroun. Son parcours politique fut tout aussi exceptionnel que son parcours professionnel. Auteur de la célèbre phrase « un Bamiléké à Étourdi ? Jamais » a été nommé par l’opinion camerounaise « le sapeur-pompier » du régime. Mais ce positionnement n’a pas fait que susciter des laudateurs, car plusieurs voix sont montées au créneau pour critiquer le prof. Des attaques en règle qui n’ont pas freiné sa carrière d’homme d’Etat. Il a été plusieurs fois été nommé ministre. Il occupe même la prestigieuse fonction de secrétaire général de la présidence de la République du 9 avril 1992 au 21 juillet 1994. •
MARCEL ONANA