En cas de victoire du Rassemblement national aux législatives de 2024, Jordan Bardella devra composer avec de nombreuses contraintes pour mettre en œuvre son programme jugé “radical” par ses opposants. Entre cadre européen, Constitution française et réalités parlementaires, le chemin risque d’être semé d’embûches.
Si le Rassemblement national de Jordan Bardella remportait une majorité absolue aux prochaines élections législatives, le jeune candidat de 28 ans devrait rapidement déchanter. Car au-delà des promesses de campagne, la réalité juridique et politique risque de compliquer sérieusement la mise en œuvre du programme phare du parti d’extrême droite.
Mesures sur le pouvoir d’achat, immigration, sécurité… Le RN a dévoilé une série de “mesures d’urgence” censées répondre aux préoccupations des Français. Mais derrière ces annonces chocs se cachent de nombreuses zones d’ombre.
Sur le plan juridique tout d’abord, le cadre européen et la Constitution française viennent sérieusement limiter la marge de manœuvre du futur gouvernement. Ainsi, les projets du RN de baisser la TVA sur les produits de première nécessité ou de geler les prix devront être validés au niveau européen, ce qui s’annonce loin d’être acquis.
De même, les velléités du parti d’extrême droite de durcir drastiquement la politique migratoire et sécuritaire se heurteraient probablement à de nombreux recours et obstacles juridiques.
Côté politique ensuite, l’obtention de la majorité absolue apparaît comme une condition sine qua non pour le RN afin d’éviter les compromis et les négociations ardues. Mais avec un Parlement potentiellement très fragmenté, cette perspective semble compromise.
Le parti compte bien s’appuyer sur des députés LR “historiques”, mais leur soutien reste très incertain. De quoi fragiliser la cohérence du programme et compliquer la gouvernabilité.
Bref, le RN risque de se confronter à un véritable exercice d’équilibriste s’il accédait au pouvoir. Entre contraintes juridiques, réalités politiques et manque d’expérience gouvernementale, la route vers la “reconquête” promise par Jordan Bardella s’annonce semée d’embûches.
Emmanuel Ekouli