L’augmentation de la dette extérieure en Afrique est devenue un sujet préoccupant, marqué par une escalade significative ces dernières années. Selon la Banque africaine de développement (BAD), le service de la dette du continent est passé de 61 milliards de dollars US en 2010 à 163 milliards de dollars US en 2024, représentant une hausse vertigineuse.

Au sein de la région africaine, des pays tels que le Congo font face à un surendettement alarmant, signalant un recul des créanciers. En 2023, un tiers des États de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) ont enregistré des niveaux d’endettement dépassant la norme communautaire de 70%.

La BAD estime que la dette extérieure totale de l’Afrique a atteint 1 152 milliards de dollars US à la fin de 2023, enregistrant une augmentation de 32 milliards de dollars US par rapport à l’année précédente. Cette tendance inquiétante est accentuée par des taux d’intérêt mondiaux à leur plus haut niveau depuis 40 ans, conjuguée à l’échéance de nombreux titres de dette obligataire émis par les pays africains.

La composition de la dette africaine a également évolué de manière significative. Alors que la dette bilatérale ne représente plus que 27% de l’endettement, contre 52% en 2000, la dette commerciale occupe désormais une part prépondérante, représentant 43% de l’endettement total (contre 20% en 2000). Cette expansion et fragmentation de la base créancière compliquent le processus de règlement de la dette par les institutions internationales.

Akinwumi Adesina, président de la BAD, souligne que 25 pays africains se trouvent en situation de surendettement ou présentent un risque élevé de surendettement. Il met en garde contre la lenteur de la résolution de la dette, citant l’exemple de la Zambie comme le seul pays à avoir finalisé en 2023 le processus pour bénéficier du Cadre commun du G20 pour la dette.

Il est impératif de réformer l’architecture mondiale du système financier et de la dette pour réduire les coûts, les délais et les complexités juridiques associés à la restructuration de la dette africaine, insiste Adesina. Une transparence accrue et une coordination mondiale entre les créanciers sont nécessaires pour éviter des coûts élevés et limiter le risque d’une nouvelle crise de l’endettement en Afrique.

Dans la zone CEMAC, le Fonds monétaire international (FMI) prévoit un déficit budgétaire croissant, passant de 0,3% du PIB en 2023 à 0,9% en 2025. Cette détérioration est principalement attribuée à la baisse des recettes pétrolières liée à la chute des prix du pétrole sur le marché international.

Malgré des variations dans les niveaux d’endettement des pays de la CEMAC, le surendettement demeure une préoccupation majeure. Pour tenter de résoudre cette problématique, une réunion d’urgence des chefs d’État de la CEMAC est prévue à Yaoundé le 16 décembre 2024.

Le poids croissant du service de la dette en Afrique risque de compromettre les objectifs de développement durable du continent, notamment dans les secteurs de la santé, de l’éducation, des infrastructures et de l’environnement. Il est crucial que des mesures significatives soient prises pour adresser ces défis et assurer un avenir financier plus stable pour l’Afrique.

Emmanuel Ekouli

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