Le président du Pactef, une formation politique camerounaise, est décidé à mobiliser la jeunesse camerounaise pour la présidentielle de cette année. Objectif déclaré : reprendre le pouvoir dans les urnes après 42 ans de règne de Paul Biya. 

Narcisse Nganchop s’est adressé aux Camerounais à l’orée de cette nouvelle année. Depuis la Turquie où le leader du Pactef (Patriotes du Cameroun) s’est établi après un séjour au Sénégal, il a appelé la jeunesse camerounaise à se lever pour un vote sanction contre le régime de Yaoundé. Paul Biya, le président camerounais, a confirmé qu’une élection présidentielle sera organisée cette année, comme prévu. Mais il s’est gardé de donner la date. Si on s’en tient à l’organisation de la précédente présidentielle en 2018, il est probable que le scrutin de cette année se tienne en octobre prochain.

Plus que quelques mois pour que l’opposition se prépare à affronter le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir) dans les urnes. Paul Biya n’a pas encore dit s’il souhaitait briguer un nouveau mandat de sept ans, même si son adresse à la nation du 31 décembre dernier l’a laissé penser. Dans ce discours, le locataire du palais d’Etoudi a lâché : « je puis vous assurer que ma détermination à vous servir demeure intacte et se renforce au quotidien ». Une phrase qui a mis le feu aux poutres et soulevé une vague de contestation, notamment auprès de quelques évêques.

Candidature de Paul Biya

Dans les vœux que Narcisse Nganchop adresse aux Camerounais, il a soigneusement évité de polémiquer sur une éventuelle candidature de Paul Biya. Pour lui, une seule chose compte : bouter hors du palais présidentiel le régime actuel en usant du droit de vote. Il est convaincu que si la jeunesse se mobilise, ce schéma a des possibilités de se dessiner. « Après plus de quatre décennies sous le régime Biya, il est temps que le peuple camerounais récupère son pouvoir, sa dignité et sa souveraineté. Ce pouvoir appartient au peuple et non à une élite coupée de la réalité », déclare le président du Pactef.

Son parti n’est pas engagé pour cette présidentielle qu’il présente comme cruciale. « Bien que le Pactef ne participera pas à cette élection, nous suivrons de près cet événement historique. Nous serons vigilants, car il ne s’agit pas seulement d’une élection, mais d’un moment décisif pour la souveraineté et l’avenir de notre pays. Chaque voix compte, chaque vote compte, et c’est ensemble que nous pouvons briser le cycle de la stagnation et de la soumission », indique ce leader politique transfuge du Mouvement pour la renaissance (MRC) de Maurice Kamto.

Si le Pactef ne sera pas sur la ligne de départ, Narcisse Nganchopcompte participer à sa manière à ce rendez-vous politique. D’ores et déjà, il exhorte déjà les jeunes à s’inscrire massivement sur les listes électorales. Cet appel ne va certainement pas suffire à convaincre cette jeunesse camerounaise à se mobiliser pour 2025, surtout parce que les chiffres de Elections Cameroon (Elecam), l’organe indépendant responsable de l’organisation des élections au Cameroun, montrent que les jeunes de moins de 35 ans sont sous représentés dans les listes électorales. Une tendance que Narcisse Nganchop espère inverser en 2025, ou tout du moins participer à inverser. 

Pour le moment, il indexe le régime tout en appelant les jeunes à prendre conscience de la situation actuelle du Cameroun qu’il peint en noir. Il explique pour cela que « depuis 42 ans, le Cameroun est enchaîné à un régime qui a brisé les rêves de plusieurs générations. Ces chaînes ne sont pas seulement celles d’un pouvoir corrompu et usé, mais aussi celles d’une domination de puissances étrangères telles que la France qui a maintenu notre nation sous le joug de dépendances économiques et politiques ».  

Les forces armées

Aux jeunes, il rappelle donc : « en ce jour, je vous invite à réfléchir à notre avenir et à prendre un engagement : celui de récupérer notre souveraineté et de bâtir ensemble un Cameroun libre, prospère, juste et uni ». Il ajoute : « à vous, la jeunesse camerounaise, vous êtes la force vive de ce pays, le socle sur lequel reposent nos espoirs. Vous êtes les bâtisseurs du Cameroun de demain, mais ce futur ne se construira pas sans votre engagement. Je vous exhorte à aller vous inscrire massivement sur les listes électorales pour la présidentielle d’octobre 2025. Ce geste, simple mais essentiel, est le premier pas vers le changement que nous appelons tous de nos vœux ».

Narcisse Nganchop sait certainement de quoi il parle, lui qui a assisté de visu à la montée en gamme du Pastef de Ousmane Sonko au Sénégal. Une montée en gamme portée par la jeunesse sénégalaise et qui a conduit les responsables du Pastef au pouvoir. Le président du Pactef a l’intention de travailler à faire dupliquer ce scénario dans son pays le Cameroun. Tout un programme qui commence dès les premiers jours de cette année 2025. « Cette année marque un tournant décisif pour notre nation, un moment où chaque Camerounais doit prendre conscience de son rôle dans l’écriture de l’histoire de notre pays ».

Narcisse Nganchop a conclu son discours en interpellant les forces armées du pays. « Vous avez un rôle crucial à jouer. Vous êtes les gardiens de la nation, non les serviteurs d’un régime. Votre mission est de protéger le peuple, de garantir sa sécurité et de défendre ses droits. Lorsque le Pactef accèdera au pouvoir, nous vous donnerons une place centrale dans la construction de notre pays. Vous serez des bâtisseurs, des innovateurs, des partenaires dans le développement de notre agriculture, de nos infrastructures et de notre souveraineté technologique. Vous ne serez pas des soldats d’oppression, mais des héros du progrès ».

Soussia Mangue

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