Le spectacle a quelque chose d’indécent, voire de burlesque. Les Lamibés, Sultans, Rois et chefs traditionnels de divers degrés, jadis garants des valeurs ancestrales, se sont mués en simples caissiers d’une banque sans guichet, troquant leur majesté contre quelques millions. Leur ultime transaction ? Une déclaration publique autour du ministre Atanga Nji de l’administration territoriale, pour supplier Paul Biya de bien vouloir « encore et toujours » les gouverner. Une pilule que le Roi des sanzo en exil politique en France, refuse d’avaler. Pierre MILA ASSOUTE-PMA, l’a fait savoir, dans sa sortie sur les plateformes numériques.

Pour lui, c’est comme si le Cameroun était une entreprise familiale où le PDG, malgré ses 43 ans de service, serait contraint par ses employés à ne jamais prendre sa retraite. Comme si un pays ne se gouvernait pas par une vision, mais par des flatteries tarifées.

L’aveu est limpide et s’étale noir sur blanc dans la déclaration de ses pairs : leur motivation principale n’est ni la prospérité de leurs peuples ni la paix dans leurs chefferies, mais bien la reconnaissance pour leurs salaires en tant qu’auxiliaires de l’administration. En d’autres termes, ces dignitaires ne protègent plus leurs populations, ils défendent leur fiche de paie.

Mais le plus croustillant, c’est qu’en plus de cet attachement salarial, certains auraient perçu une enveloppe supplémentaire, histoire de s’assurer que leur soutien soit… encore plus enthousiaste. Sept millions, dit-on. Peut-être moins. Mais assez pour transformer des Rois en simples exécutants, des gardiens de traditions en marchands d’influence.

Il est presque comique d’imaginer Paul Biya, très habitué à voir défiler les courtisans, esquisser un sourire narquois devant cette mascarade : « Alors comme ça, il suffit de leur donner quelques billets pour qu’ils m’adorent publiquement ? » On comprend mieux pourquoi, malgré leurs parades et leur verbiage dithyrambique, ces chefs ne sont guère respectés dans leurs propres villages.

Les roitelets de la mendicité

Pire encore et comme le fait remarquer PMA, parmi ces signataires, certains traînent des casseroles judiciaires, englués dans des affaires aussi peu royales que les détournements de fonds publics . Mais comment s’étonner que ceux qui soutiennent un pouvoir en place depuis des décennies finissent par s’y confondre, reproduisant ses méthodes, s’empiffrant au même banquet de la corruption ?

Et tandis que ces chefs signent à tour de bras des déclarations flatteuses, leurs territoires sombrent dans la misère. Routes impraticables, écoles délabrées, chômage endémique… même le délégué général à la sûreté nationale s’en est ému récemment en constatant l’état de la voirie. Pourtant, plutôt que de demander des infrastructures, ces monarques d’un autre genre, ont choisi de solliciter un septennat supplémentaire pour leur bienfaiteur.

Si les ancêtres avaient un compte WhatsApp, ils enverraient sûrement un message en lettres capitales : « QUELLE HONTE ! »
Chief Mila Assouté, héritier d’un trône, se lamente de voir ses pairs transformés en mendiants de luxe, troquant l’héritage ancestral contre un pécule. Dans un autre contexte, on aurait parlé de haute trahison. Mais ici, on se contentera de dire qu’ils ont vendu leur âme… à prix réduit.

La solution ? Peut-être celle que suggère Assouté lui-même : rendre l’argent et soutenir Biya gratuitement, histoire de laver leur honneur. Mais encore faudrait-il que l’honneur ait encore une place dans ces chefferies.

En attendant, Paul Biya doit bien se marrer. Après tout, pourquoi s’embarrasser d’une campagne électorale quand il suffit d’envoyer quelques liasses pour que ces « Roitelets » proclament leur allégeance ?

Charles Chacot Chime

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