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Le gouvernement camerounais a récemment lancé un avertissement sévère à 1 226 enseignants de lycée et de Collèges d’Enseignement Secondaire (CES) qui sont actuellement portés disparus de leurs lieux de travail. Ces professionnels de l’éducation ont été sommés par le ministre des Enseignements Secondaires de faire acte de présence d’ici le 10 février 2025, sous peine de subir des “mesures disciplinaires”.
Le ministère de l’Enseignement Secondaire (Minsesec) a rendu publique une liste de ces enseignants absents le 27 janvier 2025. La Ministre Nalova Lyonga a spécifié que ces enseignants devront fournir des justificatifs dans un délai de 14 jours à compter de la publication du communiqué. Les pièces requises comprennent notamment une fiche de la cartographie des postes de travail signée par leurs supérieurs hiérarchiques, ainsi que tout autre document attestant de leur situation administrative actuelle.
Selon une répartition par région réalisée par EcoMatin, les absences se répartissent comme suit : 85 enseignants manquants dans la région de l’Adamaoua, 152 dans le Centre, 84 dans l’Est, 196 dans l’Extrême-Nord, 456 dans le Littoral, 64 dans le Nord, 15 dans le Nord-Ouest, 43 dans l’Ouest, 38 dans le Sud et 93 dans le Sud-Ouest. Ces absences représentent 1,2% de l’effectif total du personnel du ministère de l’Enseignement Secondaire à fin décembre 2023, soit 103 815 personnes selon les données de programmation économique et budgétaire.
Cette situation n’est malheureusement pas nouvelle. En effet, en novembre 2024, le ministre Nalova Lyonga avait signalé l’absence de 1 509 fonctionnaires de l’éducation, et en février de la même année, le nombre était monté à 2 128 enseignants portés disparus. En remontant à 2023, le Minesec a déclaré avoir perdu près de 5 000 fonctionnaires de ses effectifs.
Les raisons de cette disparition chronique du corps enseignant demeurent floues. Des spéculations non vérifiées évoquent une possible émigration vers l’Europe ou l’Amérique, principalement le Canada. Cette tendance à l’émigration afflige non seulement les élèves privés d’enseignants, mais également le gouvernement qui voit ses ressources humaines s’amenuiser.
Augustin Ntchamande, Secrétaire exécutif de l’Onaped, une association de la société civile engagée dans l’amélioration de l’éducation au Cameroun, a exprimé ses inquiétudes quant à la situation actuelle. Il souligne le besoin urgent de trouver des solutions structurelles pour pallier ces absences et abandons de postes, mettant en lumière l’impact négatif sur le système éducatif.
Le Forum national de l’Éducation, pourtant un cadre institutionnel clé pour résoudre les problèmes du secteur éducatif, est reporté depuis dix ans. Il est devenu impératif d’agir rapidement pour garantir un enseignement de qualité et assurer l’avenir des élèves camerounais.
Emmanuel Ekouli