Yaoundé, le 7 février 2025 – L’affaire opposant le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) à Elections Cameroon (Elecam) a connu un nouveau rebondissement ce jeudi, lors d’une audience marathon de trois heures marquée par des échanges tendus et des arguments contradictoires. Au cœur du débat : le refus persistant d’Elecam de publier la liste nationale des électeurs, malgré les demandes répétées du MRC. La décision de la Cour d’appel, attendue pour le 12 février à 14h, pourrait avoir des implications majeures sur le processus électoral en cours.

Un débat houleux et des arguments qui s’affrontent

La salle d’audience était comble ce jeudi, alors que les avocats des deux parties se livraient à un duel juridique intense. Le MRC, représenté par une équipe d’avocats déterminés, a martelé que la non-publication de la liste électorale nationale constitue une violation des droits des citoyens et une entrave à la transparence du processus électoral. « Comment peut-on prétendre à des élections libres et crédibles si les citoyens ne peuvent même pas vérifier qui est inscrit sur les listes ? », a lancé Me Ndongo, l’un des avocats du MRC.

De son côté, Elecam a maintenu sa position, invoquant l’incompétence de la Cour d’appel pour trancher cette affaire. Selon l’organe en charge des élections, la requête du MRC serait irrecevable, car elle ne respecterait pas les procédures légales en vigueur. « Elecam agit dans le strict respect de la loi. La publication de la liste électorale nationale relève de notre prérogative, et aucune instance judiciaire ne peut nous imposer une décision contraire à nos règles internes », a déclaré Me Ngoa, représentant d’Elecam.

Une affaire aux enjeux politiques majeurs

Cette affaire dépasse largement le cadre juridique pour s’inscrire dans un contexte politique hautement sensible. Le MRC, parti d’opposition emmené par Maurice Kamto, accuse depuis des mois Elecam de manquer de transparence et de favoriser le parti au pouvoir. La publication de la liste électorale nationale est perçue comme un test crucial pour la crédibilité des élections à venir. « Sans transparence, il ne peut y avoir de confiance dans le processus électoral. Elecam joue avec le feu en refusant de publier cette liste », a déclaré un militant du MRC présent à l’audience.

De l’autre côté, les partisans du régime en place estiment que le MRC instrumentalise cette affaire pour semer le doute et déstabiliser les institutions. « Le MRC cherche à créer la polémique là où il n’y en a pas. Elecam fait son travail dans les règles, et cette affaire n’est qu’une tentative de diversion », a affirmé un membre du RDPC, le parti au pouvoir.

Une décision attendue avec impatience

Tous les regards sont désormais tournés vers la Cour d’appel, qui doit rendre sa décision le 12 février prochain à 14h. Si la Cour donne raison au MRC, Elecam pourrait être contraint de publier la liste électorale nationale, ce qui constituerait une victoire symbolique pour l’opposition. En revanche, un rejet de la requête du MRC renforcerait la position d’Elecam et risquerait d’alimenter les critiques sur le manque de transparence du processus électoral.

Quelle que soit la décision, cette affaire aura des répercussions sur le climat politique camerounais. Elle met en lumière les tensions croissantes entre l’opposition et les institutions en charge des élections, ainsi que les défis liés à la transparence et à la crédibilité du processus démocratique.

Une question de confiance citoyenne

Au-delà des considérations juridiques et politiques, cette affaire pose une question fondamentale : celle de la confiance des citoyens dans leurs institutions. Pour de nombreux Camerounais, la publication de la liste électorale nationale est un préalable indispensable à la tenue d’élections justes et équitables. « Nous voulons savoir qui est inscrit, où, et comment. C’est un droit fondamental », a déclaré un électeur rencontré devant le palais de justice.

En attendant la décision du 12 février, l’incertitude règne. Une chose est sûre : cette affaire, quelle que soit son issue, marquera un tournant dans le débat sur la transparence électorale au Cameroun. Reste à savoir si elle contribuera à renforcer la démocratie ou à creuser davantage le fossé entre les citoyens et leurs institutions.

Emmanuel Ekouli 

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