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Le Kenya, pays connu pour ses paysages époustouflants et sa riche biodiversité, est aujourd’hui confronté à une décision gouvernementale qui pourrait marquer un tournant sombre dans son histoire environnementale. Les forêts les plus emblématiques du pays, notamment Karura, Aberdare, Oloolua, Mau et Suam, sont désormais menacées de destruction. Ces écosystèmes, qui représentent près de dix fois la superficie de Nairobi, sont sacrifiés au nom du développement économique : construction de routes, expansion de villes frontalières et programmes de compensation carbone controversés. Une décision qui soulève l’indignation et rappelle que la lutte pour la préservation des forêts est un combat sans fin.
Un héritage en péril
Il y a quelques décennies, le Kenya avait pourtant montré la voie en matière de protection des forêts. La célèbre forêt de Karura, située en plein cœur de Nairobi, était devenue un symbole de résistance face à la déforestation. Grâce à l’action courageuse de militants environnementaux, dont la lauréate du prix Nobel Wangari Maathai, cette forêt avait été sauvée des promoteurs immobiliers et des intérêts politiques. Aujourd’hui, ce même héritage est menacé. Les forêts d’Aberdare, de Mau et d’Oloolua, véritables poumons du pays, sont également dans le collimateur du gouvernement. Ces écosystèmes, essentiels pour la biodiversité, le captage de l’eau et la régulation du climat, sont désormais considérés comme de simples ressources exploitables.
Des forêts vitales pour le Kenya et la planète
Les forêts kényanes jouent un rôle crucial dans la stabilité écologique et économique du pays. Avec une couverture forestière qui ne représente que 7 % du territoire national, le Kenya est déjà l’un des pays les plus vulnérables aux effets du changement climatique. Les forêts de Mau, par exemple, alimentent plusieurs lacs et rivières, dont le lac Victoria, essentiel pour des millions de personnes en Afrique de l’Est. La destruction de ces écosystèmes aurait des conséquences désastreuses : pénuries d’eau, perte de biodiversité, et augmentation des émissions de gaz à effet de serre.
Pourtant, le gouvernement kényan semble privilégier des gains économiques à court terme, au détriment de la durabilité à long terme. Les projets de construction de routes et de villes frontalières, ainsi que les programmes de compensation carbone, sont souvent justifiés par la nécessité de stimuler l’économie. Mais à quel prix ? Les avantages à long terme de la protection des forêts – stabilité climatique, biodiversité, ressources en eau et soutien aux communautés locales – sont bien plus précieux que les profits immédiats générés par leur destruction.
Des alternatives existent
Les défenseurs de l’environnement et les communautés locales ne restent pas silencieux face à cette menace. Ils rappellent qu’il existe des alternatives viables pour concilier développement économique et protection de l’environnement. Par exemple, le tourisme durable, l’agroforesterie et les énergies renouvelables pourraient générer des revenus sans détruire les forêts. De plus, une meilleure gouvernance forestière, incluant la transparence et la participation des communautés locales, pourrait permettre de lutter efficacement contre la corruption et l’exploitation illégale des ressources.
Un appel à l’action
La situation actuelle exige une mobilisation urgente. Le gouvernement kényan doit respecter ses engagements internationaux en matière de climat, notamment l’Accord de Paris, et appliquer les lois locales visant à protéger les forêts. Les citoyens, les organisations environnementales et la communauté internationale ont également un rôle crucial à jouer en exerçant une pression constante pour que les forêts du Kenya soient préservées.
La destruction des forêts kényanes n’est pas seulement une tragédie nationale, c’est aussi une menace pour la planète entière. Les forêts de Karura, Aberdare, Mau et autres ne sont pas seulement des espaces verts ; ce sont des écosystèmes vitaux qui soutiennent la vie, régulent le climat et inspirent des générations. Les sacrifier au nom du développement serait une erreur historique. Comme l’a dit Wangari Maathai, « quand nous plantons des arbres, nous plantons les graines de la paix et de l’espoir ». Aujourd’hui plus que jamais, ces mots résonnent comme un appel à agir.
Le Kenya a déjà montré qu’il pouvait gagner la bataille pour ses forêts. Mais cette victoire ne sera durable que si le pays continue de se battre pour préserver ce patrimoine inestimable. La question est simple : allons-nous laisser ces forêts disparaître sous nos yeux, ou allons-nous nous lever pour les protéger une fois de plus ? La réponse dépend de nous tous.
Emmanuel Ekouli