De l’adolescent passionné au maître du sifflet
Pierluigi Collina, né à Bologne en 1960, a marqué l’histoire du football non pas par des buts, mais par une autorité sans faille. À 17 ans, alors qu’il joue en défense dans un club amateur, il se tourne vers l’arbitrage, un choix qui scellera son destin. En 1988, il officie en Serie C, puis gravit les échelons à une vitesse fulgurante : en 1991, il devient arbitre professionnel en Serie A, où son regard perçant et sa rigueur le distinguent immédiatement.

L’ascension d’une icône internationale
En 1995, Collina intègre la liste des arbitres FIFA, débutant une décennie de domination. Sa carrière est jalonnée de moments historiques : la finale de la Ligue des Champions 1999 entre Manchester United et le Bayern Munich reste gravée dans les mémoires. Alors que les Red Devils renversent le score dans les arrêts de jeu, Collina maintient un calme olympien, qualifiant plus tard les acclamations du public de « rugissement de lion ».

Mais c’est en 2002 qu’il atteint l’apogée : il arbitre la finale de la Coupe du Monde entre le Brésil et l’Allemagne. Une performance où il maîtrise chaque seconde, jusqu’à retarder le coup de sifflet final pour s’emparer du ballon-souvenir, désormais exposé dans sa collection. Oliver Kahn, le gardien allemand, reconnaîtra : « Collina est le meilleur arbitre du monde, mais il ne nous a pas porté chance ce soir ».

Un style inimitable
Avec sa calvitie distinctive, due à une alopécie survenue à 24 ans, et ses yeux exorbités, Collina impose une présence intimidante. Les joueurs le surnomment « Kojak », en référence au détective télévisé, mais sous ce physique se cachent une intelligence tactique et une préparation méticuleuse. Diplômé en économie de l’Université de Bologne, il applique la même rigueur à l’analyse des matchs qu’à la gestion financière.

L’homme derrière le sifflet
Collina ne transige jamais. En 2000, lors de l’Euro, il apaise une bagarre entre joueurs turcs et anglais en convoquant les capitaines dans son vestiaire, évitant ainsi une escalade. Inflexible, il n’hésite pas à expulser Fabien Barthez en finale de la Coupe UEFA 2004, appliquant strictement les règles malgré les conséquences.

Une retraite forcée, mais une influence pérenne
En 2005, un conflit avec la Fédération italienne, lié à un contrat publicitaire avec Opel (sponsor du Milan AC), met un terme à sa carrière sur le terrain. Mais Collina reste dans l’orbite du football : il devient chef des arbitres de l’UEFA (2010-2018), puis président du comité des arbitres de la FIFA, où il promeut des innovations comme la VAR, tout en défendant l’arbitrage à cinq.

L’héritage d’une légende
Élu meilleur arbitre du monde six fois consécutivement (1998-2003) par l’IFFHS, Collina transcende sa fonction. Il est le seul arbitre à figurer en couverture d’un jeu vidéo (Pro Evolution Soccer 3), preuve de son statut d’icône. Son livre Mes règles du jeu (2003) dévoile sa philosophie : « Le football n’est pas parfait, mais l’arbitre doit l’être ».

Aujourd’hui, son nom incarne l’excellence et l’intégrité. « Collina n’arbitre plus, mais son regard plane toujours sur les terrains », résume un ancien collègue. Une légende vivante, dont l’autorité reste un modèle pour les générations futures.


Épilogue
Pierluigi Collina n’est pas qu’un arbitre : c’est un symbole. À 65 ans, celui qui a donné ses lettres de noblesse à l’arbitrage continue d’inspirer, prouvant que l’équité et le respect peuvent briller autant que les étoiles du ballon rond. Respect éternel au « juge suprême ».

Emmanuel Ekouli

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