Au Cameroun, on a voulu des péages automatiques pour moderniser la collecte routière. Mais dans un pays où les routes elles-mêmes relèvent parfois de l’archéologie, le projet s’est naturellement ensablé.
Résultat : deux ans que des portiques flambant neufs surveillent avec assiduité… des nids-de-poule.

Le plus beau ? Le contrat en Partenariat Public-Privé signé avec les Français de Fayat et Egis, après 8 ans de réflexions, de réunions et de discours pleins de jargon technico-financier, vient d’être résilié.
Motif officiel : les loyers étaient “trop chers”, 195 milliards de FCFA sur 18 ans pour sécuriser des recettes issues de routes plus défoncées que la surface de la Lune.
Motif officieux : entre maladresse administrative, guerre de clans et appétit pour les anciennes magouilles manuelles au péage, l’automatisation a eu droit à une exécution publique, sans procès.

Cerise sur le goudron fondu : l’État décide de “muter” le projet en simple marché public, histoire de rapatrier le fiasco dans le giron national, là où l’opacité fait office de stratégie.

Même les promoteurs français, Tollcam, doivent maintenant consulter banques, assureurs et garants internationaux pour savoir s’ils peuvent rendre les clés poliment, pendant que leurs portiques prennent racine dans la poussière.

Bref, au Cameroun, on ne construit pas l’avenir : on signe des chèques sur le vide, on pose des barrières sur des cratères, et on attend la pluie pour inaugurer les épaves.
Ici, on ne met plus la charrue avant les bœufs : on plante les portiques avant d’inventer la route.

Charles Chacot Chimé

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