Une majestueuse bâtisse abandonnée en France, rongée par le temps, sert depuis peu de décor à une vidéo virale sur YouTube. Selon l’auteur de cette expédition urbaine, elle aurait appartenu à nul autre que Charles Borromée Etoundi, ancien ministre de l’Éducation nationale du Cameroun et ministre de la Santé. Une demeure digne d’un roman gothique, mais sans les fantômes… Quoique, les milliards disparus sans trace, eux, hantent encore bien des mémoires.

Ce château oublié, c’est un peu l’image parfaite de la gouvernance camerounaise : opulence, silence et décomposition lente. À l’extérieur, l’herbe folle. À l’intérieur, le luxe figé dans la poussière. Et quelque part, un compte en banque qui roupille tranquillement dans un paradis fiscal.

Pendant ce temps, au pays, les élèves s’entassent dans des salles de classe sans toit, les enseignants réclament leurs salaires et la CDC, notre Caisse de Dépôts et Consignations nationale, regarde ailleurs, probablement trop occupée à compter ses propres comptes… en déshérence.

Mais que faire ? Qui ira fouiller les coffres suisses, luxembourgeois ou panaméens où dorment ces fortunes publiques recyclées en biens privés ? Dans cette République où les pilleurs et les gendarmes partagent parfois le même vin de messe, il faudrait déjà commencer par distinguer le loup du berger.

Peut-être qu’à la 3e République, si elle ne naît pas avec les mêmes tares génétiques, on osera faire ce que certains pays africains ont osé : traquer les avoirs planqués à l’étranger et les rapatrier. En attendant, on regarde des maisons pourries sur YouTube, avec une petite larme et beaucoup de rage.

Et dire que tout cela a été financé au nom du peuple. Ironie ultime : même les ruines sont plus belles que nos écoles.

Charles Chacot Chimé

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