Le Cameroun a lancé, lundi 22 janvier, la première campagne de vaccination systématique et à grande échelle au monde contre le paludisme.
C’est une première sur le continent après la phase pilote qui avait été menée dans trois autres pays. Cette première campagne de vaccination systématique et à grande échelle au monde contre le paludisme est une « étape historique », selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), dans la lutte contre cette maladie parmi les plus meurtrières chez les enfants .
Plus de 300 000 doses du vaccin antipaludique RTS,S du groupe pharmaceutique britannique GSK, le premier à avoir été validé et recommandé par l’OMS, avaient été livrés au Cameroun le 21 novembre. Il a fallu deux mois pour organiser le début de cette campagne durant laquelle l’injection antipaludique est proposée gratuitement, selon le gouvernement, et systématiquement à tous les enfants de moins de six mois, en même temps que les autres vaccins classiques.Au total, 42 districts de santé sont d’abord visés, pour atteindre 250 000 enfants d’ici la fin 2024, cela avec les 300 000 doses livrées en novembre. Une campagne financée en partie par l’Alliance pour le vaccin, Gavi.
Ce vaccin RTS,S est vu comme un outil de plus dans une boîte à outils pour lutter contre le malaria : ce n’est pas considéré comme une solution miracle, mais un outil à combiner avec notamment la prévention, les moustiquaires et une prise en charge dès les premiers symptômes, au plus tôt possible.
En Afrique, « un enfant de moins de 5 ans meurt du paludisme pratiquement toutes les minutes »
Le paludisme, maladie transmise par les piqûres de certains moustiques, tue près de 500 000 enfants de moins de cinq ans chaque année en Afrique subsaharienne, un chiffre qui représente 80 % des décès en Afrique. En Afrique, « un enfant de moins de 5 ans meurt du paludisme pratiquement toutes les minutes », souligne l’OMS, qui salue lundi « l’introduction » du vaccin « dans les programmes de vaccination essentiels » et « de routine » dans les pays à risque.
Le vaccin RTS,S a été développé par le groupe britannique GlaxoSmithKlein (GSK). Testé à partir de 2019 au Kenya, au Ghana et au Malawi, c’est le premier contre le paludisme à avoir été validé par l’OMS. Il a contribué dans sa phase teste à faire baisser de 13 % la mortalité chez les enfants vaccinés, ainsi qu’à faire baisser de façon significative, selon l’OMS, les formes graves et les hospitalisations.
Selon Dr Marthe Sylvie Essengue, directrice pour l’Afrique centrale et de l’ouest de l’alliance pour le vaccin Gavi, « ce vaccin est sûr lorsqu’on l’utilise en complémentarité avec d’autres mesures de protection. Il va contribuer à sauver des vies et il est recommandé que ce vaccin soit donné à 6 mois, 7 mois, 9 mois et à 24 mois ».
La maladie tue plus de 600 000 personnes chaque année
Dans le monde, la maladie tue plus de 600 000 personnes chaque année, dont 95% en Afrique, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). « La mise en œuvre à grande échelle de la vaccination antipaludique » est « une étape historique » qui « pourrait changer la donne en matière de lutte contre le paludisme et sauver des dizaines de milliers de vies chaque année », estimait l’OMS fin novembre.
Au-delà du Cameroun, le vaccin pourrait bénéficier à une bonne partie du continent africain, grâce à une efficacité évaluée à 75 %, explique Mahamoudou Doutchi, maître de conférence en maladies infectieuses et référent en la matière auprès de l’ONG Médecins sans frontière .
Lauriane Sibeufé