40 % du PIB et 51 % de la population mondiale : Les BRICS pèsent plus que jamais !
Le centre de gravité de l’économie mondiale bascule progressivement vers de nouvelles alliances. Face à l’essoufflement des institutions occidentales, un autre bloc consolide son influence.
Depuis le 1er janvier 2025, les BRICS ont franchi une nouvelle étape à travers l’accueil de neuf États partenaires. Cette expansion, décidée lors du sommet de Kazan en octobre 2024, renforce leur poids politique et économique, et élargit leur emprise sur les marchés émergents. Désormais, l’organisation regroupe 51 % de la population mondiale et génère 40,4 % du PIB global en parité de pouvoir d’achat.
Un élargissement stratégique pour renforcer l’influence des BRICS
L’élargissement des BRICS s’est concrétisé le 1er janvier 2025, ce qui constitue une nouvelle étape dans l’évolution du groupe. Cette décision, actée lors du sommet de Kazan en octobre 2024, répond à une volonté d’étendre l’influence des puissances émergentes sur la scène internationale. Désormais, neuf nouveaux États partenaires rejoignent l’organisation : Biélorussie, Bolivie, Indonésie, Kazakhstan, Cuba, Malaisie, Thaïlande, Ouganda et Ouzbékistan.
Ces pays n’obtiennent pas le statut de membres à part entière, mais accèdent à des droits de participation élargis. Ils sont désormais conviés aux sessions extraordinaires des sommets, ainsi qu’aux réunions ministérielles, où ils peuvent contribuer aux déclarations finales et aux décisions stratégiques du groupe. Cet élargissement reflète l’ambition des BRICS d’accroître leur rôle dans la gouvernance mondiale, grâce à l’intégration de nouveaux acteurs issus de trois continents.
Pour la présidence brésilienne, cette expansion vise à « consolider la place des économies émergentes sur la scène mondiale » et à « renforcer la coopération Sud-Sud ». Avec l’ajout de nations-clés d’Asie du Sud-Est, d’Amérique latine et d’Afrique, les BRICS diversifient leur influence et renforcent leurs alliances régionales. Parmi les nouveaux partenaires, l’Indonésie se distingue par son poids démographique. Avec 280 millions d’habitants, elle devient le troisième pays le plus peuplé du groupe, juste derrière la Chine et l’Inde. De plus, à ses côtés, la Thaïlande et la Malaisie apportent une assise économique qui dépasse celle de l’Afrique du Sud, ce qui souligne l’ascension progressive de l’Asie du Sud-Est au sein de l’alliance.
L’intégration de ces nouveaux États confirme la montée en puissance des BRICS et leur volonté de rééquilibrer les rapports de force mondiaux. Cependant, cet élargissement pose également de nouveaux défis, notamment en matière de gouvernance et de coordination politique, qui risquent de complexifier le fonctionnement du groupe.
Les défis d’un élargissement aux ambitions divergentes
L’élargissement des BRICS représente une avancée majeure, mais renseigne également sur les divergences internes et les difficultés de coordination au sein du groupe. Bien que cette première vague d’intégration ait permis d’élargir l’influence du bloc, elle révèle aussi les limites de son expansion. Plusieurs pays invités n’ont pas donné suite, ce qui souligne les intérêts parfois contradictoires entre les membres et les États candidats.
L’Arabie saoudite, bien que courtisée depuis plus d’un an, n’a toujours pas officialisé son adhésion. Cette réticence reflète des tensions stratégiques, notamment en matière de relations énergétiques et monétaires. De son côté, l’Argentine, sous la présidence de Javier Milei, a choisi de se retirer du processus en décembre 2023, quelques semaines après l’élection du chef d’État ultralibéral. Ce revirement s’explique par une volonté affichée de resserrer les liens avec les institutions occidentales plutôt que de s’ancrer dans une alliance dominée par la Chine et la Russie.
L’un des défis majeurs des BRICS sera d’harmoniser les ambitions économiques et politiques d’un groupe de plus en plus diversifié. Ainsi, l’intégration de partenaires aux profils variés, comme Cuba et l’Indonésie, complique la prise de décision. D’un côté, certains États adoptent une approche dirigiste de leur économie, tandis que d’autres misent sur une ouverture au marché mondial. Cette hétérogénéité risque d’entraver l’efficacité du groupe, notamment sur des dossiers clés comme la dédollarisation du commerce international ou la réforme des institutions financières mondiales.
Face à ces défis, la présidence brésilienne insiste sur la nécessité de « fédérer les voix des pays en développement » pour mieux défendre leurs intérêts communs. Pourtant, les divergences de trajectoires économiques et les différences de gouvernance pourraient ralentir l’adoption d’une stratégie unifiée face aux grandes puissances occidentales. À mesure que l’organisation s’agrandit, la question de sa cohésion interne devient impérative. Un élargissement supplémentaire, s’il n’est pas accompagné d’une réforme institutionnelle, pourrait affaiblir la capacité des BRICS à peser efficacement sur l’ordre économique mondial.
L’intégration de ces neuf nouveaux partenaires confirme l’ambition des BRICS d’étendre leur influence sur des zones stratégiques. Toutefois, cette expansion interroge sur l’efficacité de la gouvernance du groupe. Plus le bloc s’élargit, plus les appels à une institutionnalisation renforcée se font entendre afin d’éviter une fragmentation des intérêts. Dans ce contexte, la redéfinition du système monétaire international et la création d’alternatives au dollar demeurent des objectifs majeurs. Pourtant, la diversité des trajectoires économiques complique la mise en place d’une stratégie commune. Sans une coordination plus rigoureuse, l’ampleur de cette alliance pourrait ralentir sa capacité à peser face aux grandes puissances. Ainsi, si les BRICS parviennent à consolider leur unité et à surmonter ces défis, ils pourraient modifier durablement l’équilibre économique mondial et s’imposer comme un contrepoids solide aux institutions dominées par l’Occident.
Emmanuel Ekouli