Me Alice Nkom, une figure emblématique de la justice au Cameroun, est confrontée à des accusations graves de menacer la sûreté de l’État et de financer la guerre dans les régions anglophones du pays. Ces allégations, jugées infondées par ses partisans, soulèvent des interrogations sur les motivations du gouvernement, en particulier à l’approche des élections de 2025.
Les convocations explosives
Me Alice Nkom, reconnue par le New Yorker parmi les personnalités africaines les plus influentes, a été convoquée à deux reprises par les autorités camerounaises. La première convocation, émanant du préfet du Wouri, l’accusait de dépravation des mœurs et de promotion de l’homosexualité. La seconde, datée du 31 décembre, va plus loin en l’accusant de soutenir financièrement le conflit dans les régions anglophones et de constituer une menace pour la sûreté de l’État.
Les accusations et leurs fondements
Ces accusations reposent sur une plainte déposée par une organisation anonyme, sans adresse ni contact vérifiable, soulevant des doutes quant à leur légitimité. La rapidité des procédures, avec une audition fixée dès le 13 janvier devant une unité de gendarmerie impliquant la justice militaire, révèle une certaine précipitation des autorités, suggérant une inquiétude face à l’influence de Me Nkom.
Une stratégie de diabolisation ?
Les accusations portées contre Me Alice Nkom semblent s’inscrire dans une stratégie visant à la diaboliser aux yeux de l’opinion publique, passant des allégations de blanchiment d’argent à des accusations de soutien à la guerre. Dans un contexte électoral tendu, où l’homosexualité est utilisée pour déstabiliser, ces accusations pourraient masquer d’autres enjeux politiques et justifier une répression accrue.
L’homosexualité au Cameroun : Entre mythes et réalités
La question de l’homosexualité au Cameroun est complexe, mêlant mythes, réalités et perceptions divergentes. Si elle est souvent perçue comme une importation occidentale menaçant les valeurs traditionnelles africaines, des personnalités publiques militent pour la dépénalisation. L’existence de multiples perceptions de l’homosexualité met en lumière les tensions et les contradictions dans la société camerounaise.
Me Alice Nkom : Une figure engagée
À 80 ans, Me Alice Nkom incarne la lutte pour la justice et les droits des opprimés au Cameroun. En tant que première femme avocate du pays, elle a consacré sa vie à défendre les droits, y compris ceux de la communauté LGBTQ+. Son engagement lui a valu une reconnaissance internationale, mais elle compte aussi des opposants puissants au sein du gouvernement.
Les accusations controversées portées contre Me Alice Nkom révèlent des tensions politiques et sociales au Cameroun. Alors que des voix influentes soutiennent son intégrité et son rôle de résistante à l’injustice, la diabolisation à des fins politiques pourrait avoir des répercussions internationales. Dans un pays où l’homosexualité reste taboue, Me Nkom incarne la lutte pour les droits humains, et il est crucial que les autorités fassent preuve de discernement face à ces accusations.
Emmanuel Ekouli