
Le dernier déplacement de Ferdinand Ngo Ngo, Secrétaire général de la présidence de la République (Sgpr) et envoyé spécial du président Paul Biya, dans la région de l’Extrême-Nord, a suscité un vent de mécontentement parmi les populations locales. Chargé officiellement d’apporter des solutions aux préoccupations des habitants, Ngo Ngo a été perçu comme un visiteur indifférent, préférant les sites touristiques aux discussions sérieuses. Cette visite, loin de calmer les esprits, a ravivé les frustrations accumulées depuis des décennies.
Une attitude jugée désinvolte
Dès son arrivée, Ferdinand Ngo Ngo a surpris par son apparence décontractée : un simple tee-shirt et une casquette, un choix vestimentaire interprété comme un manque de respect envers les cadres politiques, les dignitaires et les chefs d’entreprise venus à sa rencontre. Au lieu de s’engager dans des échanges constructifs, il a préféré visiter des lieux touristiques, laissant un goût amer d’abandon et de mépris. « L’homme nordiste est profondément résilient, mais ne supporte pas que l’on piétine sa dignité », a déclaré un cadre du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (Rdpc), résumant ainsi le sentiment général.
Quarante ans de promesses non tenues
Le Septentrion, bastion historique du Renouveau et vivier électoral crucial, se sent délaissé depuis plus de quarante ans de pouvoir de Paul Biya. Malgré les promesses répétées de développement et d’investissement, les attentes des populations locales sont restées lettre morte. Les visites officielles, souvent perçues comme des opérations de communication, ne se traduisent que rarement en actions concrètes. Cette région, pourtant stratégique, continue de souffrir d’un manque criant d’infrastructures, de services sociaux de base et de perspectives économiques.
Une colère qui pourrait se transformer en sanction électorale
Les frustrations accumulées pourraient bien se manifester lors des prochaines élections de 2025. Les populations, lassées d’être ignorées, pourraient exprimer leur mécontentement de manière plus marquée. Le slogan « sey mougnal » (assez, c’est assez), entendu dans certaines localités, traduit une exaspération grandissante. Les citoyens, qui se sentent trahis, espèrent un « gagnant-gagnant » dans leurs interactions avec le pouvoir central, mais leur patience a des limites.
Un éveil politique en marche
L’attitude de Ferdinand Ngo Ngo, loin d’être un simple faux pas, pourrait symboliser un tournant dans la relation entre le Septentrion et le régime en place. Les populations, longtemps fidèles au parti au pouvoir, commencent à remettre en question leur loyauté. La nécessité de rétablir la dignité et de répondre aux attentes des citoyens devient impérative pour éviter une rupture définitive.
Des infrastructures en ruine, des services sociaux absents
La dégradation des infrastructures est l’une des manifestations les plus visibles de cet abandon. Les routes, essentielles pour le développement économique et social, sont dans un état déplorable, entravant le transport des personnes et des biens. Les écoles, souvent inexistantes ou en ruine, compromettent l’avenir des enfants. Les hôpitaux, dépourvus d’équipements de base, obligent les habitants à parcourir des kilomètres pour accéder à des soins minimaux. L’accès à l’eau potable reste un défi majeur, avec des conséquences dramatiques sur la santé publique.
Un appel à l’action
Les récentes déclarations d’élus locaux, notamment dans le Logone et Chari, illustrent une exaspération grandissante. « Sey mougnal » résonne comme un cri d’alarme, une invitation à ne plus rester passifs face à l’indifférence des décideurs. Les populations du Septentrion, résilientes mais épuisées, exigent un changement. Elles appellent à une mobilisation collective pour revendiquer leurs droits et faire pression sur le gouvernement.
Vers un avenir plus équitable ?
Il est temps que le pouvoir central prenne conscience de la réalité du terrain. Les élections de 2025 pourraient être l’occasion pour les citoyens de faire entendre leur voix et d’écrire une nouvelle page de l’histoire du Cameroun. Les trois régions septentrionales, longtemps négligées, méritent une attention urgente. Les problèmes d’infrastructures, de santé, d’éducation et d’accès à l’eau potable doivent être traités avec la plus grande priorité.
Le Septentrion ne peut plus être un laisser-pour-compte. Il est temps d’agir pour un développement équitable et durable, afin que cette région retrouve sa place en tant que partenaire actif dans la construction d’un Cameroun prospère et uni.
Emmanuel Ekouli