Un forum historique pour secouer l’apathie économique africaine
Du 9 au 11 avril 2025, Yaoundé deviendra l’épicentre d’une révolution économique silencieuse. L’ambassade de Côte d’Ivoire au Cameroun organise le premier forum économique réunissant Abidjan et trois pays de la Cemac (Cameroun, Centrafrique, Tchad). Objectif ? Briser l’hypocrisie des discours sur l’intégration africaine et passer aux actes. Car derrière les beaux slogans, le commerce intra-africain reste un mirage.

Le constat accablant : des échanges en chute libre
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : entre 2022 et 2023, les échanges entre la Côte d’Ivoire et le Cameroun ont dégringolé de 23,8%, passant de 115 millions USD à 87,5 millions USD. Pire, les importations camerounaises en provenance d’Afrique ont reculé de 2,2 points en 2023. Abidjan, pourtant premier fournisseur africain du Cameroun, ne pèse que 1,5% des importations totales du pays. Une humiliation pour des nations partageant pourtant une monnaie commune (FCFA) et des défis similaires.

La Zlecaf en échec ? Le forum comme solution de la dernière chance
La Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), censée booster les échanges, semble déjà essoufflée. Alors que les dirigeants africains s’enlisent dans des réunions protocolaires, ce forum ose un pari audacieux : réunir décideurs, entrepreneurs et innovateurs pour « parler business, pas politique ». Au programme : climat des affaires, levée des barrières douanières absurdes, financement de projets stratégiques et digitalisation.

Agriculture, énergie, numérique : les secteurs clés pour une vraie rupture
L’Afrique regorge de ressources, mais importe toujours ses produits de base. Le forum mise sur des secteurs concrets pour inverser la tendance :

  • Agriculture : La Côte d’Ivoire (1er producteur mondial de cacao) et le Cameroun (5e) pourraient dominer la chaîne de valeur, plutôt que de brader leurs fèves à l’Occident.
  • Énergie : Le Tchad et la Centrafrique, riches en pétrole et minerais, mais dépendants des importations d’électricité. Un non-sens à corriger via des partenariats régionaux.
  • Numérique : La jeunesse africaine innove, mais manque de capitaux. Des fonds communs Cedeao-Cemac pourraient émerger.

Le Sud-Sud ou la mort : l’urgence de l’autosuffisance
Ce forum n’est pas un énième « séminaire de luxe ». C’est un signal fort envoyé aux puissances extérieures : l’Afrique francophone se réveille. Alors que la France perd son influence historique et que la Chine étend son emprise, Abidjan et Yaoundé envoient un message clair : « L’avenir de l’Afrique se construira entre Africains, ou ne se construira pas. »

La coopération ou le chaos
En 2025, la Côte d’Ivoire et la Cemac écriront-elles enfin leur propre histoire économique ? Ou continueront-elles à servir de réservoir de matières premières pour les autres ? Ce forum est un test. Si les 100 entreprises présentes signent ne serait-ce qu’un contrat symbolique – une usine de transformation de cacao financée par Douala et Abidjan –, ce sera un début. Sinon, l’Afrique restera le continent des occasions gaspillées.

Emmanuel Ekouli

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *