
En un an et demi, près de 200 journalistes palestiniens ont été tués sous les frappes israéliennes. Parmi eux, au moins 43 sont morts en mission, casqués, vêtus de gilets « PRESSE », caméra ou micro en main. Une hécatombe inédite qui éclipse les conflits modernes. Hossam Shabat, 32 ans, en faisait partie. Le 15 janvier dernier, ce reporter de Gaza City filtait les ruines d’un hôpital bombardé quand un drone a visé son équipe. Son casque, percé d’un éclat, gît aujourd’hui dans les archives de sa rédaction, symbole macabre d’une guerre contre l’information.
« Ils étaient journalistes, pas combattants »
Derrière chaque chiffre, un visage, une histoire. Comme celle de Shaima Al-Jazzar, tuée dans le bombardement de sa tente à Rafah avec ses trois enfants, ou de Ahmed Abu Hussein, abattu alors qu’il interviewait des survivants. Ces professionnels, censés être protégés par le droit international (Conventions de Genève), sont devenus des cibles. Leurs équipements — envoyés par Reporters sans frontières (RSF) et bloqués à l’entrée de Gaza — ne parviennent jamais sur le terrain. Privés de caméras, de drones ou de liaisons satellites, les reporters locaux luttent pour documenter l’indicible, tandis que la presse internationale reste exclue de l’enclave.
« L’objectif est clair : asphyxier la vérité », dénonce un membre de RSF. Depuis octobre 2023, Israël refuse systématiquement les demandes d’accès des médias étrangers, violant les résolutions de l’ONU sur la protection des journalistes. Les rares images qui filtrent — enfants ensevelis, hôpitaux en ruine — sont tournées au péril de vies palestiniennes. Une stratégie de « silence forcé » qui s’étend aux confrères israéliens, libanais ou syriens, pris dans la spirale des représailles.
Un crime contre l’humanité
Le ciblage délibéré de civils équipés d’insignes « PRESSE » constitue un crime de guerre, selon l’ONU. Pourtant, aucune sanction n’est envisagée. Les preuves s’accumulent : en avril 2024, une enquête du New York Times révélait que l’armée israélienne utilisait des logiciels de reconnaissance faciale pour identifier et traquer les reporters locaux. Une militarisation de l’information qui rappelle les pires heures des dictatures.
« Sans témoins, le monde ferme les yeux », s’indigne Leyla Hamed, avocate palestinienne des droits humains. Elle rappelle que 89 % des victimes à Gaza sont des civils, dont des centaines de professionnels de santé, d’humanitaires… et de journalistes.
L’Appel : briser l’omertà
Face à ce désastre, notre collectif lance un sursaut citoyen mondial :
- Exigez des gouvernements une enquête internationale indépendante.
- Boycottez les entreprises finançant l’occupation.
- Partagez massivement les reportages des médias locaux (#GazaVoices).
- Soutenez les ONG comme RSF ou le Comité pour la Protection des Journalistes (CPJ).
« Chaque article, chaque photo sauvegardée est une balle évitée », insiste Mahmoud Al-Madhoun, reporter rescapé. Alors que l’ONU recense plus de 37 000 morts à Gaza, dont 15 000 enfants, laisser taire les témoins revient à enterrer deux fois les victimes.
L’Information, ultime rempart
En 2024, tuer un journaliste, c’est assassiner la démocratie. Hossam Shabat et ses pairs méritent plus que des hashtags éphémères : une justice implacable, et un sursaut des consciences. Parce qu’à Gaza comme ailleurs, « le premier coup de feu de toute guerre est celui contre la vérité » (Ryszard Kapuściński).
Ne détournons pas le regard.
Statistiques clés :
- 198 journalistes palestiniens tués depuis 2023 (Source : CPJ)
- 90 % des équipements journalistiques bloqués à Gaza (RSF)
- 0 journalistes étrangers autorisés dans l’enclave depuis 6 mois
#GazaVoices #ProtectJournalists #BreakTheSilence
Emmanuel Ekouli