
Réunis en Afrique du Sud, les leaders indépendantistes, fédéralistes et la société civile lancent un appel pressant au gouvernement camerounais et à la communauté internationale.
Johannesburg, 21 avril 2025 – La crise anglophone au Cameroun, qui dure depuis près d’une décennie, pourrait-elle enfin trouver une issue pacifique ? C’est l’espoir porté par la déclaration commune issue du Southern Cameroons Leadership Summit, tenu en Afrique du Sud du 18 au 20 avril. Pour la première fois, les principales factions divisées sur la question – indépendantistes, fédéralistes, société civile et la Southern Cameroons Alliance (SCA) – ont adopté une position unifiée, exigeant du gouvernement camerounais « un dialogue sincère et transparent » pour résoudre cette crise aux racines historiques profondes.
Une question de justice historique
Dans un document rendu public ce lundi, les signataires dénoncent une « marginalisation systémique », un « effacement culturel » et une « militarisation excessive » des régions anglophones depuis l’abolition du système fédéral en 1972. « La Question du Southern Cameroons britannique reste non résolue », affirment-ils, rappelant que cette crise doit être traitée comme une urgence politique et un impératif de justice historique.
Malgré leurs divergences stratégiques – entre indépendance, fédéralisme ou autonomie élargie –, les différents groupes ont affirmé leur engagement commun en faveur de la libération des prisonniers d’opinion, de la protection des civils et d’une solution négociée.
Un code de conduite pour éviter les dérives
Face aux accusations récurrentes d’exactions commises par certains groupes armés, l’Alliance a adopté une ligne ferme : « Tolérance zéro envers les extorsions, enlèvements et violences contre les civils ». Elle promet également de mettre en place des mécanismes de redevabilité pour sanctionner les abus.
Par ailleurs, un groupe de travail conjoint sera créé pour élaborer une feuille de route vers une résolution durable. La Southern Cameroons Alliance (SCA), en partenariat avec les chefs de caucus, coordonnera cette initiative.
Un appel pressant à Yaoundé… et à la communauté internationale
Les résolutions se concluent par un double appel :
- Au gouvernement camerounais : « Engager un dialogue conforme aux normes internationales » pour résoudre la crise.
- À la communauté internationale : « Soutenir les aspirations légitimes » des populations anglophones.
Alors que le conflit a déjà fait plus de 6 000 morts et provoqué le déplacement de 700 000 personnes selon l’ONU, cette déclaration commune marque un tournant. Reste à savoir si Yaoundé, qui a jusqu’ici privilégié une approche sécuritaire, saisira cette main tendue.
« Notre peuple mérite la paix, la justice et la dignité », concluent les signataires. Un message clair, qui résonne comme un ultimatum politique.
Emmanuel Ekouli