
Yaoundé, 19 mai 2025 — Pour la énième année, le « défilé de la honte » du 20 mai a été réduit à une mascarade grotesque. Sous prétexte de « protocole d’État », le régime de Paul Biya, 92 ans, a interdit les téléphones portables lors du défilé militaire et civil, puis à la réception au palais de l’Unité. Une mesure absurde, justifiée par la paranoïa d’un homme grabataire, dont les forces déclinantes ne supportent plus les regards indiscrets. Depuis que le « Lion » sénile, au pouvoir depuis 1982, peine à se tenir debout, le pays tout entier doit plier devant ses caprices .
Un régime qui étouffe les libertés pour masquer la décrépitude
Le défilé, jadis symbole de fierté nationale, est passé de plus de 4 heures à moins de 2 heures. La raison ? Biya, cloué dans un fauteuil, ne peut plus endurer les longues cérémonies débout ou même assis. « C’est une insulte au peuple. On réduit notre histoire à un spectacle raccourci pour accommoder un vieillard impotent », dénonce un officier sous couvert d’anonymat . L’interdiction des téléphones, en vigueur depuis 2021, vise à étouffer toute preuve de son état physique délabré et à éviter les fuites d’images montrant un président fantôme, manipulé par son entourage.

Ici l’arrivée du dictateur au boulevard du 20 mai
La dictature d’un homme mort-vivant
Biya, au pouvoir depuis 43 ans, incarne un système pourri jusqu’à la moelle. Alors que le pays sombre dans la crise économique (le PIB par habitant est l’un des plus bas au monde), que les régions anglophones sont ravagées par une guerre civile (plus de 3 000 morts), et que la corruption gangrène les institutions (classé « champion du monde de la corruption » en 1998 ), le président s’accroche à son trône doré. Son régime survit grâce à la répression : arrestations arbitraires, tortures, et soutien militaire étranger.
L’hypocrisie internationale
La communauté internationale ferme les yeux. La France, historiquement complice, et le Royaume-Uni les autres pays comme Israël et la Russie qui forme les forces spéciales camerounaises accusées d’exécutions sommaires , préfèrent protéger leurs intérêts économiques. Des contrats de lobbying américains, comme ceux avec Mercury Public Affairs (1,2 million de dollars), blanchissent l’image du régime à l’étranger . Pendant ce temps, les opposants comme Maurice Kamto croupissent et sont surveillés en permanence et sous la menace des armes.
Un peuple otage d’un spectacle macabre
Le 20 mai, date censée célébrer l’unité nationale, est devenu le symbole de la tyrannie. Les « motions de soutien » au président, lues en boucle sur les médias d’État, ne trompent personne : orchestrées par le parti au pouvoir (RDPC), elles reflètent une adhésion forcée, non un consentement libre . Selon l’Afrobaromètre, seuls les francophones, manipulés par la propagande, approuvent encore Biya, par peur ou résignation .
L’urgence d’un sursaut
Paul Biya, momie politique, incarne l’échec d’une Afrique otage de ses autocrates. En réduisant le pays à un hospice géant où chaque citoyen doit feindre d’adorer son bourreau, le régime prouve qu’il ne tient plus que par la terreur. La jeunesse camerounaise, privée d’avenir, attend son heure. Car, comme le rappelait un analyste : « Sans alternative politique, il n’y a ni démocratie ni droits humains ». Le compte à rebours est lancé.
Emmanuel Ekouli