20 mai. Jour férié. Jour officiel. Jour “d’unité nationale” paraît-il. On hisse les drapeaux, on parade dans les rues, on récite des discours copiés-collés… pendant qu’en coulisses, la République se déchire en silence, broyée par un mal qui la ronge depuis sa fondation : le tribalisme.

Ah, l’unité nationale ! Quelle belle chanson… mais en play-back.
Parce que pendant qu’on crie “vivre ensemble” sous les tentes officielles, sur les réseaux sociaux, dans les quartiers, dans les concours, dans les promotions et dans les nominations, le virus tribal fait rage. Et pas besoin de microscope pour le voir : il est dans les discours des ministres, dans les blagues “entre frères”, dans les “toi tu n’es pas des nôtres”, dans les “c’est notre tour”.

Et comme si ça ne suffisait pas, une vidéo a récemment électrisé la toile : un homme, nu, traîné devant les bureaux du ministre des Travaux publics, hurlant comme un démon en transe : “Couche-moi Nganou Djoumessi !”
Ce n’est pas de la fiction. C’est notre réalité. Le nouveau chemin vers la réussite, version 2025 : l’humiliation publique. Parce que quand tu n’es pas bien né, quand tu n’as pas le bon nom, ou la bonne origine, il ne te reste plus qu’à ramper, supplier, te vendre. Littéralement.

Souvenez-vous encore, l’archevêque émérite Tonye Bakot le dénonçait : pour entrer dans la République des élus, il fallait “ramasser le capuchon”. Comprenez : baisser la culotte, accepter l’humiliation de la sodomie. Il fallait adhérer à une secte bien placée, troquer votre humanité contre un badge d’honneur en carton. Et aujourd’hui, la jeunesse ? Elle court vers cette porte ouverte sur l’abîme. Obsédée par la vitesse, la visibilité, la réussite immédiate. Même s’il faut se déshabiller pour y parvenir.

Mais alors, chers jeunes, en cette “fête de l’unité”, posons-nous la vraie question :
Unis en quoi ? Et pour quoi faire ?
Sommes-nous unis par des valeurs, ou simplement par le fil électrique de la survie ? Unis par l’amour de la nation, ou par la peur de l’autre, celui de “l’autre région”, “l’autre ethnie” ? Unis dans la dignité, ou dans l’hypocrisie ?

Attention ! Le Cameroun glisse lentement vers une rwandisation insidieuse, où la fracture ethnique est cultivée comme un outil politique. Et les jeunes, au lieu de refuser ce jeu mortel, s’y engouffrent avec naïveté, croyant que l’ascension passe par l’allégeance… et non par l’effort.

Alors, en ce 20 mai, je vous le dis sans détour :
L’unité nationale ne se proclame pas dans les tribunes. Elle se construit dans les cœurs.
Elle ne naît pas des slogans, mais des choix qu’on fait chaque jour. Et vous, la jeunesse, vous avez encore le choix. Le choix de rester dignes. De mériter vos victoires. De ne pas entrer dans le système en rampant… mais en marchant tête haute.
Car au final, entre le drapeau et le capuchon… il faudra choisir.
Bonne fête nationale… si vous y croyez encore.

Charles Chacot Chimé

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