Quand je vois la petite satisfaction du Gouvernement à la suite du séjour des fonctionnaires du FMI, et les espérances du peuple Camerounais, je ris en secouant la tête : « qu’est-ce qu’ils sont naïfs, les pauvres ! »

Voilà 10 ans, jour pour jour que j’avais crié sur tous les toits que le Cameroun allait vers la crise avec ses politiques économiques folles et insensées. J’ai été moqué, traîné dans la boue. Des Ministres m’ont dit en direct que je rêvais, la police m’a soupçonné de perturber la sérénité de la population, des Economistes administratifs et du RDPC m’ont accusé de souhaiter le mal au pays parce que je voulais un poste.

Car pour eux, leur Vision et leur DSCE et leurs Grands Projets allaient conduire le pays vers l’Emergence.

Maintenant, nous sommes où ?

C’est pour cette raison qu’aujourd’hui, j’ai limité mes interventions dans les médias, car vous risquez me prendre pour un moqueur. Et comme vous êtes des gens méchants, irrationnels et jaloux, bien loin de reconnaître le bien-fondé de mes positions, vous allez plutôt chercher à m’empoisonner ou à acheter des brigands pour m’assassiner. Car des gens comme vous, il n’y a rien de bon à attendre.

N’empêche que je vous dise la vérité : ne vous leurrez pas des petites résolutions prises dernièrement avec le FMI qui ne sont qu’un coup de semonce. Quand une crise se déclenche comme celle du Cameroun, les indicateurs qui la signalent ne sont que des éruptions cutanées d’une maladie très profonde qui a déjà eu tout le temps de développer ses racines à l’intérieur et continue à les étendre. Le traitement qu’on lui applique dès le départ ne peut donc pas arrêter spontanément son évolution : elle s’aggrave d’abord, atteint le pic jusqu’à ce que ce traitement commence à dominer son évolution et l’oblige à refluer. Sachez donc ceci : ce que nous voyons aujourd’hui n’est rien devant ce qui viendra dans les deux prochaines années, car il n’est plus possible d’échapper à la baisse nominale des salaires des agents publics, ni à la compression des effectifs.

Le pire est que même ce second sacrifice, après le premier qui s’est étendu de 1987 à 2006 ne suffira pas, et il y aura encore une autre crise, de manière récurrente, encore et toujours.

Je vous avais pourtant donné la solution : notre économie de rente nous été imposée par la colonisation et a été aggravée par les dirigeants postcoloniaux. Par nature, il s’agit d’un appendice des économies plus évoluée qui lui assignent une taille spécifique et un volume spécifique d’activités et d’emplois. Si un tel système nous impose un million d’emplois rémunérés à 500.000 FCFA, alors les 10 Millions de Camerounais vont se partager ces emplois à 50.000 FCFA, et il n’y a rien d’autre à faire.

La très grave erreur commise par le Gouvernement et les autres Economistes est de croire que nous pouvons, par des moyens de force, étendre le Million d’emplois que nous impose le système économique international. Or, c’est cela qui est impossible, car quel que soit l’effectif de sa population active, le Cameroun est obligé de se partager ce nombre fixe d’emplois, ce qui se traduira par un grand nombre d’emplois dégradé et d’oisiveté.

La bonne solution n’est donc pas de chercher à s’infiltrer de force pour insérer la main-d’œuvre oisive dans le système, mais de créer une seconde économie qui valorise ces facteurs oisifs. Cette seconde économie est autonome et fonctionne suivant des règles différentes qui lui permettent de jouer un rôle contracyclique par rapport à son homologue coloniale, permettant au système tout entier de fonctionner en situation de plein-emploi et sans déséquilibre.

C’est ce mécanisme qu’on appelle binarisation et que j’avais proposée lors des travaux de la Vision, avant de le publier en 2010 après avoir pris acte que j’étais incompris. Les malheureux croyaient que je leur demandais leur avis, alors que je leur prescrivais en médecin ce qu’ils DEVAIENT faire.

Si le Cameroun avait binarisé son économie depuis cette date, nous aurions une croissance de 8% sans déficit commercial, des salaires 50% plus élevés qu’aujourd’hui, un effectif des agents publics plus élevé, un secteur privé plus dynamique tourné vers la manufacture, la bourse des étudiants restaurée et une agriculture plus soutenue.

Hélas !
Vous pouvez pleurer, O misérables Camerounais, vous n’êtes qu’au début de votre triste destin.

Par Dieudonné Essomba

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *