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Le monde universitaire et médiatique camerounais est en ébullition. Le professeur Jean Calvin Aba’a Oyono, éminent intellectuel et figure respectée, a décidé de porter plainte contre Paul Ngouare Kindji, directeur de publication du journal Réalité Plus, suite à la parution d’un article jugé diffamatoire dans l’édition du 20 janvier 2025. L’article en question, intitulé « 𝙋𝙧 𝘼𝙗𝙖 𝙊𝙮𝙤𝙣𝙤 𝙫𝙤𝙩𝙧𝙚 𝙗𝙖𝙫𝙖𝙧𝙙𝙖𝙜𝙚 𝙨𝙪𝙧 𝙩𝙤𝙪𝙨 𝙡𝙚𝙨𝙥𝙡𝙖𝙩𝙚𝙖𝙪𝙭 𝙘𝙤𝙣𝙩𝙧𝙚 𝙡𝙚𝙨 𝙈𝙞𝙣𝙞𝙨𝙩𝙧𝙚𝙨 𝙅𝙖𝙘𝙦𝙪𝙚𝙨 𝙁𝙖𝙢𝙚 𝙉𝙙𝙤𝙣𝙜𝙤 𝙚𝙩 𝙇𝙤𝙪𝙞𝙨 𝙋𝙖𝙪𝙡 𝙈𝙤𝙩𝙖𝙯𝙚 𝙘’𝙚𝙨𝙩 𝙥𝙤𝙪𝙧𝙦𝙪𝙤𝙞 ? 𝙀𝙣 𝟭𝟬 𝙖𝙣𝙨 𝙫𝙤𝙪𝙨𝙖𝙫𝙚𝙯 𝙧𝙚𝙘̧𝙪 𝟯𝟰 𝙢𝙞𝙡𝙡𝙞𝙤𝙣𝙨 𝙙𝙚 𝙁𝘾𝙁𝘼 𝙙𝙚 𝙋𝙧𝙞𝙢𝙚𝙨 𝙙𝙚 𝙍𝙚𝙘𝙝𝙚𝙧𝙘𝙝𝙚𝙨 𝙦𝙪’𝙖𝙫𝙚𝙯-𝙫𝙤𝙪𝙨 𝙛𝙖𝙞𝙩 𝙖𝙫𝙚𝙘 ? », a suscité l’ire du professeur, qui y voit une attaque personnelle et une tentative de salir sa réputation.
Un article aux accusations lourdes de conséquences
L’article de Réalité Plus accuse le professeur Aba’a Oyono d’avoir reçu, sur une période de dix ans, la somme de 34 millions de FCFA en primes de recherche, tout en critiquant publiquement les ministres Jacques Famé Ndongo et Louis Paul Motaze. Le journal laisse entendre que ces fonds n’auraient pas été utilisés à bon escient, insinuant une gestion opaque et une possible malversation. Des accusations que le professeur rejette catégoriquement, qualifiant l’article de « tissu de mensonges » et de « manipulation médiatique ».
Pour Aba’a Oyono, cette publication va au-delà d’une simple diffamation. Il y voit une manœuvre orchestrée pour le discréditer et atteindre son intégrité morale. « Ce n’est pas seulement une attaque contre ma personne, mais contre l’ensemble du monde universitaire et de la recherche scientifique au Cameroun », a-t-il déclaré lors d’un speech tenue à Yaoundé. « Je ne permettrai pas que mon nom soit traîné dans la boue par des individus qui ne respectent ni l’éthique journalistique ni la vérité. »
Un procès qui s’annonce explosif
L’affaire sera portée devant le Tribunal de première instance (TPI) de Yaoundé Centre administratif le 25 février 2025. Le professeur Aba’a Oyono entend non seulement se défendre contre les accusations portées à son encontre, mais aussi démasquer ceux qu’il estime être les véritables instigateurs de cette campagne de diffamation. « Derrière Paul Ngouare Kindji, il y a des personnes qui tirent les ficelles. Je suis déterminé à les mettre en lumière », a-t-il affirmé.
Cependant, le procès pourrait être retardé si l’huissier chargé de notifier la convocation à Paul Ngouare Kindji ne parvient pas à le localiser. Selon des sources proches du dossier, le directeur de publication de *Réalité Plus* serait actuellement injoignable, ce qui laisse planer le doute sur sa volonté de faire face à la justice. Cette fuite présumée n’a fait qu’attiser les tensions, renforçant l’idée que l’affaire cache des enjeux bien plus importants.
Une bataille qui dépasse les individus
Au-delà du conflit personnel entre Aba’a Oyono et Paul Ngouare Kindji, cette affaire soulève des questions cruciales sur la liberté de la presse, l’éthique journalistique et la protection de la réputation des personnalités publiques. Le professeur Aba’a Oyono estime que certains médias, au lieu de servir l’intérêt général, se livrent à des pratiques malsaines qui nuisent à la crédibilité du quatrième pouvoir. « Le journalisme est un métier noble, mais il est aujourd’hui dévoyé par des individus sans scrupules qui utilisent leur plume comme une arme de destruction », a-t-il déploré.
De son côté, Paul Ngouare Kindji, s’il est retrouvé, devra justifier les accusations portées dans son article. Les observateurs s’interrogent sur les preuves dont dispose le journaliste pour étayer ses allégations. Si celles-ci s’avèrent infondées, *Réalité Plus* pourrait être condamné à verser des dommages et intérêts substantiels au professeur Aba’a Oyono, voire à publier un droit de réponse.
Un enjeu de société
Cette affaire intervient dans un contexte où les relations entre les médias et les personnalités publiques au Cameroun sont de plus en plus tendues. Les accusations de diffamation et les procès en cascade se multiplient, mettant en lumière les dérives d’un journalisme parfois plus soucieux de faire sensation que de rechercher la vérité. Pour beaucoup, le procès du 25 février pourrait marquer un tournant dans la manière dont les médias camerounais abordent leur responsabilité sociale.
En attendant, le professeur Aba’a Oyono reste déterminé à aller jusqu’au bout de cette bataille judiciaire. « Je ne me battrai pas seulement pour moi, mais pour tous ceux qui croient en la justice et en la vérité », a-t-il conclu. Le 25 février promet d’être une journée riche en rebondissements, avec des révélations qui pourraient bien secouer le paysage médiatique et politique camerounais.
L’affaire Aba’a Oyono vs Réalité Plus est bien plus qu’un simple conflit entre un universitaire et un journaliste. Elle pose des questions fondamentales sur l’éthique, la responsabilité et la crédibilité des médias au Cameroun. Alors que le procès approche, tous les regards sont tournés vers le TPI de Yaoundé, où la vérité, espérons-le, finira par éclater.
Emmanuel Ekouli