Tiens donc, la Camwater veut se lancer dans l’eau minérale ! Oui, vous avez bien lu. L’entreprise publique qui peine déjà à faire couler l’eau dans les robinets songe désormais à nous vendre cette même eau en bouteille. Une idée ambitieuse, presque osée, mais qui mérite qu’on s’y arrête une seconde. Ou deux.

D’abord, un petit rappel : dans beaucoup de quartiers au Cameroun, avoir de l’eau au robinet relève encore du miracle. Il faut se lever tôt, prier fort ou avoir un réservoir géant dans la cour. Et pendant que les usagers broient du noir, Camwater, elle, rêve d’étiquettes, de bouteilles, de packaging et – surtout – de profits.

Mais bon, admettons. Peut-être que l’eau en bouteille signée Camwater sera plus potable que celle qui coule – quand elle coule – dans nos tuyaux. Peut-être même qu’elle sera meilleure que celle des grandes marques déjà présentes sur le marché. Mais à quel prix ?Parce que là est le nerf de la guerre : le porte-monnaie du consommateur. Ces bouteilles seront-elles accessibles à la ménagère de Bamena, au fonctionnaire de Nkongsamba ou à l’étudiant de Bambili ? Ou faudra-t-il vendre un rein pour s’hydrater dignement ?

Et puis, pourquoi embouteiller ce qu’on n’arrive même pas à livrer correctement dans les foyers ? Avant de jouer les industriels, Camwater ferait mieux d’assurer l’essentiel : faire couler une eau potable, en continu, dans les robinets des ménages. Ce serait déjà une grande victoire.

En attendant, l’on boira peut-être bientôt de l’eau Camwater… en bouteille. Mais chez nous, on préférerait toujours pouvoir remplir notre seau… au robinet.

Charles Chacot Chimé

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *