Des instructions auraient été données par le procureur de la République près des tribunaux de Bafoussam afin que les séances d’audition prévue en cet après-midi du 10 juillet 2024 soient reportées.
A 14 heures sonné ce mercredi 10 juillet 2024, Albert Dzongang, conseiller spécial du Président national du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc) et Me André Marie Tassa, secrétaire du bureau de la Fédération régionale de cette formation politique à l’Ouest, sont déjà dans les locaux de la légion de gendarmerie de l’Ouest à Bafoussam. Ils sont accompagnés de deux avocats, Me Emmanuel Serges Chedjou, venu de Yaoundé pour leur défense, et Me Victor Kadjé, avocat avec résidence professionnelle à Bafoussam, engagé pour la même cause. Pareillement, des gendarmes en poste sont affairés. Personne ne veut les recevoir. Ils demandent à rencontrer le commandant de la légion de gendarmerie de l’Ouest, le colonel Abba Saïdou en poste à Bafoussam depuis le 22 mars 2024. Cette sollicitation ne prospère pas facilement. Au moment où ils annoncent leur départ, un haut gradé de la gendarmerie entre en communication avec le patron des lieux.
Les échanges entre celui-ci et les mis en cause se font en toute courtoisie et civilité. Me Emmanuel Serges Chedjou et ses clients apprennent ainsi que les auditions ont été reportées à une date ultérieure sur instruction du procureur de la République près des tribunaux de Bafoussam. Jusqu’à ce moment, Me André Marie Tassa et Albert Dzongang ne sont pas renseignés sur l’objet ou le contenu de la plainte et sur l’identité du plaignant.
L’échec d’une intimidation politique
Une situation qui suscite un sentiment d’indignation chez Me Emmanuel Serges Chedjou. « Nous sommes perplexes et gênés parce que nous avons pris des risques pour ce dossier », indique-t-il. Avant de poursuivre : «Le collectif Me Sylvain Souop est habitué à ce genre de pratique qui ne devrait pas exister dans un Etat de droit.» L’homme en toge noire dénonce que ses clients, des hommes de bonne moralité que sont Albert Dzongang et Me André Marie Tassa, soient appelés au niveau du bureau de lutte contre la grande criminalité pour une affaire de droit commun. Il n’est pas loin pour lui de conclure qu’il s’agit de l’intimidation politique. Et Me Victor Kadjé d’abonder dans le même sens en soulignant qu’au Cameroun, « la justice prendre de plus en plus des orientations de maltraitance ». Il s’offusque de ce que cette audition ait été reportée alors que les deux mis en cause ont répondu présent. Cet avocat basé à Bafoussam explique qu’en matière pénale, «la responsabilité est individuelle ». Ce qui implique que l’absence du Pr Maurice Kamto, programmé pour être auditionné demain (11 juillet 2024) ne saurait être un motif d’ajournement des auditions des autres mis en cause.
L’engagement militant pour l’échéance électorale de 2025
Suite à cette analyse, Albert Dzongang affirme, de manière péremptoire, qu’il s’agit d’une affaire politique orchestré par «un pouvoir effrayé par le Pr Maurice Kamto ». Pour lui, ce « traquenard » tendu par le pouvoir de Yaoundé et ses comparses n’a pas marché. «En réalité, c’est le Mrc qui est visé. C’est une affaire du peuple camerounais. Ce qui va fonder notre victoire, c’est l’ignorance du pouvoir », conclut le conseiller spécial du Pr Maurice Kamto.
Moins bavard que les autres intervenants au cours de ce point de presse tenu juste après leur sortie des locaux de la légion de gendarmerie de l’Ouest à Bafoussam, Me André Marie Tassa a salué la discipline observée par les militants du Mrc qui n’ont pas cédé à la provocation. Il a demandé aux militants du Mrc de rester mobiliser pour les inscriptions sur les listes électorales. Car pour lui, le plus important reste l’intensification de l’engagement militant pour l’échéance électorale de 2025.
Guy Modeste DZUDIE