
En ce début d’année 2025, le Cameroun fait face à une réalité économique difficile : une inflation généralisée qui frappe durement les ménages, déjà confrontés à des salaires très bas et à une corruption persistante. Les chiffres publiés en janvier révèlent des taux d’inflation variés selon les villes, mais tous pointent vers une tendance inquiétante : la vie devient de plus en plus chère, et les Camerounais peinent à joindre les deux bouts.
Des disparités régionales marquées
Les villes les plus touchées par cette hausse des prix sont Maroua (7,2 %), Douala (5 %), Bafoussam (4,9 %), Buéa (4,7 %) et Ebolowa (4,7 %). Dans ces régions, les prix des denrées alimentaires, des transports et des services de base ont considérablement augmenté, mettant à rude épreuve le budget des familles. Maroua, dans l’Extrême-Nord, enregistre le taux d’inflation le plus élevé, reflétant les difficultés d’une région déjà fragilisée par l’insécurité et les défis climatiques.
À l’inverse, les villes les moins touchées, comme Garoua (3 %), Ngaoundéré (3,3 %) et Bertoua (3,5 %), bénéficient d’une inflation relativement modérée. Cependant, même dans ces zones, la situation reste précaire pour de nombreux ménages, notamment ceux dépendant de revenus fixes ou informels.
Des salaires qui ne suivent pas
Le véritable drame réside dans l’écart croissant entre l’inflation et les salaires. Au Cameroun, le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) est fixé à 36 270 FCFA par mois (environ 55 euros), un montant dérisoire face à la flambée des prix. Dans des villes comme Douala, capitale économique du pays, où le coût de la vie est particulièrement élevé, de nombreuses familles doivent faire des choix difficiles pour survivre.
Les travailleurs du secteur informel, qui représentent une grande partie de la population active, sont encore plus vulnérables. Sans protection sociale ni revenus stables, ils sont les premiers à subir les conséquences de l’inflation. Les petits commerçants, les artisans et les agriculteurs voient leurs marges se réduire, tandis que les prix des intrants et des matières premières augmentent.
La corruption, un frein supplémentaire
Dans ce contexte déjà difficile, la corruption continue de peser lourdement sur l’économie camerounaise. Des pots-de-vin sont souvent exigés pour accéder aux services publics, obtenir des contrats ou même simplement faire respecter ses droits. Cette pratique gangrène les institutions et décourage les investissements, privant ainsi le pays de ressources précieuses pour son développement.
Malgré les promesses répétées des autorités de lutter contre ce fléau, les actions concrètes se font rares. Les réformes annoncées peinent à se concrétiser, et les citoyens perdent confiance en leurs dirigeants. La corruption ne fait qu’aggraver les inégalités, en détournant les ressources publiques au profit d’une minorité privilégiée.
Des initiatives locales pour faire face
Face à cette situation, certaines initiatives locales tentent d’apporter des solutions. Par exemple, dans le secteur agricole, des coopératives se mobilisent pour promouvoir les produits locaux et réduire la dépendance aux importations. Dans les villes, des associations de consommateurs organisent des achats groupés pour permettre aux ménages de bénéficier de prix plus avantageux.
Cependant, ces efforts restent insuffisants sans un soutien accru des pouvoirs publics. Les infrastructures défaillantes, le manque d’accès au crédit et les barrières bureaucratiques continuent de freiner le développement des petites et moyennes entreprises, pourtant essentielles pour créer des emplois et stimuler l’économie.
Un avenir incertain
L’inflation galopante, couplée à des salaires très bas et à une corruption persistante, plonge le Cameroun dans une situation économique et sociale préoccupante. Les ménages sont de plus en plus vulnérables, et les inégalités se creusent.
Pour inverser cette tendance, des réformes structurelles sont nécessaires. Une lutte plus efficace contre la corruption, une meilleure gestion des finances publiques et des investissements massifs dans les secteurs clés (éducation, santé, infrastructures) sont essentiels pour redonner espoir aux Camerounais.
En attendant, la population continue de faire preuve de résilience, cherchant par tous les moyens à s’adapter à une réalité de plus en plus difficile. Mais sans une action concertée et déterminée des autorités, le risque d’une détérioration accrue de la situation reste élevé. Le Cameroun se trouve à un carrefour critique, où les choix d’aujourd’hui détermineront le visage de demain.
Emmanuel Ekouli